Tourism impact in 10, 9, 8, 7, 5, 4 ... seconds !

Article n° 164, publié le 2-Novembre-2019, par Christophe.
Catégorie(s) : environnement.

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Depuis ces dernières années, le tourisme devient la nouvelle cible des ayatollahs de l'écologie : vous vous rendez compte, le touriste pollue en rejetant des tonnes de CO2 quand il prend l'avion, il vire les habitants des centres-villes en faisant monter le prix de l'immobilier, il dérange les écosystèmes, etc, etc... Mais quel enfoiré, ce touriste, surtout, s'il est en nombre ! Certaines villes comme Venise, Barcelone ou Amsterdam ont déjà commencé la chasse aux touristes : pas de ça chez nous ! Sauf qu'il y a quand même comme un hic dans ce raisonnement : où vont travailler toutes les personnes qui vivent du tourisme ? Dans l'industrie, c'est-à-dire en Chine, ou dans les services aux personnes âgées ? D'ailleurs, pourquoi on ne délocaliserait pas les personnes âgées en Chine et qu'on relocaliserait les industries en France ? Euh, ça, c'est hors sujet, dommage... Et quant à ceux qui ne voyagent pas mais qui changent tous les trois ans, leur cuisine intégrée et la décoration de leur séjour, avec la toute nouvelle télé 8K, ils ne polluent pas plus qu'un touriste, eux ? Alors, le touriste, est-il si nocif que ça ?

Tout d'abord, je reconnais qu'il devrait exister une charte du touriste responsable comportant trois règles d'or : 1- on ne fait pas 10 heures d'avion dans l'unique but d'aller se saouler au bord d'une piscine, alors qu'on pourrait très bien faire ça dans un rayon de moins de 200 km autour de chez soi, 2- on ne porte pas de vêtement de couleur criarde dans un site historique (on se fout à poil si on veut mais on bannit les maillots de foot multicolores) et 3- on ne fait pas de selfie ! Déjà, ça réglerait mes problèmes vis-à-vis de la présence des autres touristes et c'est bien le point le plus important. D'ailleurs, j'ai bien mieux et plus simple : envoyez-moi de l'argent, je partirai faire des photos et avec Photoshop, je vous ferai le selfie qui vous plait. C'est bien mieux comme ça, non ? D'accord, ce n'est pas tout à fait sérieux mais c'était pour détendre l'atmosphère.

Prenons alors un sujet plus sérieux : le méchant touriste qui vire les habitants des centres-villes en faisant monter le prix de l'immobilier. Est-ce vraiment le touriste, le méchant ? Ne serait-ce pas plutôt celui qui rachète des appartements pour les transformer en location touristique, et qui est donc le vrai profiteur de l'exode des habitants chassés par le tourisme ? C'est vrai que l'application vendant des nuitées sur matelas gonflable (pour ne pas citer celle-ci, mais j'espère que tout le monde l'aura reconnue), a permis à de nombreuses personnes de spéculer sur les logements touristiques (paiement non déclaré, pas de norme de sécurité à respecter, beaucoup moins de contrainte qu'un hôtelier ou un gîteur professionnel, etc... ; les profiteurs de tout genre se sont rués sur le filon ces dernières années), et que cela a généré quelques problèmes mais est-ce si simple que ça ? Prenons par exemple, Lisbonne, une très belle ville mais dont de nombreux immeubles du centre-ville sont dans un état de délabrement assez avancé. La raison de ce manque d'entretien est simple : la dictature qui a sévi il y a quelques dizaines d'années au Portugal, a instauré quelques lois populistes, dont celle qui consiste à bloquer les loyers des locataires. Les propriétaires des immeubles où vivent ces locataires, n'ont donc plus assez de revenus pour entretenir leurs immeubles car les prix des matériaux de construction et de la main d'œuvre ont augmenté alors que les loyers sont restés bloqués. A Lisbonne, on se retrouve donc aujourd'hui avec des immeubles proches de l'effondrement et des immeubles rénovés, ceux abritant des meublés de tourismes. Certes, dans le lot, il est certain que des propriétaires véreux ont laissé leurs immeubles se dégrader pour chasser les locataires, mais je ne peux pas croire que c'est le cas de tous les propriétaires (ou alors ce monde est vraiment pourri de chez pourri). Alors, que faire ? Laisser les immeubles se dégrader, en permettant aux cordonniers (par exemple) installés au rez-de-chaussée des immeubles, de travailler le temps que les immeubles s'effondrent, ou installer des meublés touristiques dans des immeubles ravalés et à terme chasser les cordonniers qui n'auront pas de travail avec les touristes ? Certains pourraient dire que l'état peut aussi réquisitionner les immeubles et les rénover aux frais des contribuables, pour éviter de chasser les locataires à faibles revenus qui donnent du travail aux cordonniers ? Là, ce sont les gros contribuables qui vont organiser la fuite des capitaux et les impôts augmenteront pour les locataires. Et n'oublions pas que sans travail dans le tourisme, les locataires sans revenus devront aussi un jour ou l'autre, quitter leurs immeubles. Les cordonniers n'auront alors plus de travail à leur tour. Si la réponse était si simple, ça se saurait...

Méditons maintenant sur l'aspect particulièrement altruiste de l'être humain (c'est bien évidemment ironique) : d'accord, on dit à monsieur X de ne pas prendre l'avion et de ne pas voyager ! Mais il va alors avoir de l'argent à dépenser, autrement (le bienfaiteur de l'Humanité n'existe que dans de rares cas). Au lieu d'acheter une petite voiture qui lui suffisait, il va en prendre une plus grosse. Qu'elle soit électrique ou pas, cette plus grosse voiture va consommer plus d'énergie, et donc polluer plus. Si monsieur X ne peut plus prendre l'avion, pour remplacer sa Citroën C1 qui lui suffisait car il ne partait pas en vacances avec ce véhicule, il va s'acheter par exemple un Dacia Duster (c'est à la mode) pour pouvoir partir en week-end et vacances. Mais monsieur X va aussi utiliser cette grosse voiture pour aller au travail ou faire ses courses. Imaginons qu'il fasse en moyenne 30 km par jour (10 à 15 km entre son domicile et son lieu de travail est une valeur assez courante pour des provinciaux). En moins d'un an, la quantité de carburant consommée en plus par monsieur X, due la différence de consommation entre la Citroën C1 et le Dacia Duster, est équivalente, en terme de CO2 rejeté, à celle d'un aller-retour en avion Paris / Fort-de-France ! Etonnant, non ? Bien sûr, Monsieur X aurait pu utiliser les transports en commun, ou son vélo, et aller tondre les moutons dans la Creuse pendant ses vacances, mais je crois que ce programme ne fait pas rêver grand monde. Cela veut surtout dire que ce n'est la peine de casser du sucre sur le dos du transport aérien, ça n'y fera rien, ça ne permettra pas de sauver la planète ! Pour y arriver, il faudrait exterminer l'Humanité, idée de folie qui germe malheureusement dans la tête de quelques ayatollahs de l'écologie. Je sais, je suis pessimiste mais le problème n'a pas de solution toute faite, le «il faut qu'on, il n'y a qu'à» ne peut pas fonctionner. Le problème est bien plus complexe qu'il n'y paraît et c'est juste cette complexité que je veux mettre en avant !

Puis, j'ai quelques exemples de l'impact positif du tourisme sur l'écologie. Le premier est en Islande : les ports du nord de l'île étaient autrefois principalement dédiés à la chasse à la baleine dont nombre de d'espèces sont en voie de disparition. Avec le tourisme, ces ports se sont reconvertis dans les croisières d'observation des baleines. Au moins, au lieu d'être tuées, les baleines sont maintenant harcelées par les touristes. Il y a un léger mieux, même si ce n'est pas parfait (et comme la perfection n'existe pas dans ce bas monde, on va se contenter de cette solution pour l'instant, non ?). Second exemple : la protection des rhinocéros en Afrique du Sud (et autres pays d'Afrique) ! J'espère que chacun sait que les rhinocéros sont une des cibles préférées des braconniers qui les tuent dans l'unique but de couper leur corne (qui a soi-disant des vertus médicinales mais elle n'est pourtant faite que kératine, c'est-à-dire la même matière que nos ongles ou cheveux). Grâce au tourisme, les rhinocéros sont maintenant mieux protégés dans les réserves mais le tourisme permet aussi de développer des emplois et donc, potentiellement, de réduire le nombre de braconniers (car ceux qu'il faut surtout blâmer dans cette affaire, ce ne sont pas les braconniers qui font souvent ça pour nourrir leur famille, mais ceux qui font commerce des cornes de rhinocéros). Bien évidemment, ce ne sont pas les seuls exemples de protection des espèces animales liée au tourisme. Certes, je sais bien que le tourisme est à double tranchant (car on peut aussi détruire des écosystèmes pour y construire d'immenses hôtels), mais entre deux maux, il faut bien commencer par éradiquer le pire.

En tant que voyageur invétéré, bien évidemment, je pense qu'il ne faut pas rejeter le tourisme en bloc comme cela se passe aujourd'hui (on ne vit pas dans un monde binaire où tout est blanc ou noir) mais qu'il faut un tourisme raisonné. Je sais bien que des immenses hôtels qui se suivent les uns aux autres sur des dizaines de kilomètres comme à Cancun, sont une aberration totale, et je pense aussi qu'il faut éviter de transformer les villes «touristiques» en immense centre d'attraction, où il n'y a plus que des logements touristiques et des boutiques de souvenirs «Made in China», avec quelques attractions et restaurants touristiques. Mais cela pourrait commencer par l'éducation des touristes : par exemple, une ville comme Lisbonne, se découvre à pied, voire en vélo, mais pas en tuk-tuks ou autres autocars à deux étages (les touristes qui utilisent ces promène-touristes, n'ont finalement pas grand-chose à faire du pays car les visites dans ces conditions ne sont souvent qu'un divertissement, une distraction comme une autre, entre deux beuveries). Puis, pour vraiment limiter les nuisances du tourisme de masse, il faudrait peut-être regarder du côté des professionnels du tourisme, c'est-à-dire ceux qui profitent du crime ? Par exemple, pourquoi une ville comme Venise a installé des portiques pour limiter le nombre de touristes visitant la place Saint-Marc, alors qu'elle continue d'accepter les paquebots (même si les plus gros ne peuvent maintenant plus passer à quelques encablures de la place Saint-Marc) ? Les «taxes» d'escale dans le port de Venise doivent certainement rapporter beaucoup à certains, quitte à provoquer une situation ubuesque : les 3.000 touristes d'un de ces paquebots n'auront pas tous le droit de se rendre sur la place Saint-Marc, contrairement aux fumées des cheminées dudit navire ! Et quel phénomène va-t-il abîmer le plus les fondations de la ville : le passage à pied des 3.000 touristes dans les rues de Venise, ou les vagues d'étrave de ces monstres d'acier ? Certains voudraient supprimer les paquebots et les touristes, mais supprimons déjà les paquebots, et pas que les plus gros ! Le nombre de touristes diminuera alors car n'oublions pas que c'est surtout la bouffe à profusion à bord de ces navires de croisière qui attire les touristes, et non pas Venise qui est juste un prétexte à selfie. Et les touristes qui visiteront encore Venise après la suppression des paquebots, devraient être un peu plus responsables... Enfin, espérons-le !

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