Article n° 196, publié le 2-Juillet-2022, par Christophe.
Catégorie(s) : environnement.

J'ai écrit l'article du mois dernier pour donner du contenu, pas forcément d'un grand intérêt, aux moteurs de recherche, mais aussi en partie pour énerver, de prime abord, les écolos des villes, ceux qui pensent que l'ensemble des voyageurs, ces êtres ignobles qui détruisent la planète, prennent l'avion tous les week-ends pour parcourir l'Europe, ou même la planète entière car tout le monde sait qu'un petit week-end aux Maldives, c'est parfait pour se remettre d'une rude semaine de trading international, et que ça change un peu des Seychelles... Ca fait cliché, je sais, mais c'est bien le genre de propos que tiennent des extrémistes de l'écologie, ceux qui veulent tout interdire, ou juste nous laisser le droit de cultiver, en permaculture, le potager bio collectif situé sur le toit de notre immeuble collectif lui aussi ! Mais qu'en est-il vraiment ?

Déjà, qui va passer un week-end dans une île tropicale comme les Seychelles, c'est-à-dire un endroit où il est nécessaire de faire plus de 10 heures de vol pour le rejoindre ? Je n'ai pas les chiffres mais cela représente certainement bien moins d'une centaine de Français car je pense qu'il faut voyager en jet privé à long rayon d'action pour oser affronter 20 heures de vol aller-retour en un week-end (de 2 ou 3 jours). Je ne comprends donc pas pourquoi les écolos des villes mettent tous les voyageurs dans le même panier que cette potentielle centaine de Français, un peu comme si toute la classe devait être punie à cause du cancre de service. La punition collective est peut-être utile (bien que j'en doute énormément) mais nous ne sommes plus à l'école primaire, nom de Zeus ! Prière donc d'oublier ces cancres de l'écologie car, de toute façon, ils ne feront rien pour changer les choses et ce n'est pas la peine de se focaliser sur eux, ni de punir tous les voyageurs à cause d'eux !

Reprenons donc de manière moins extrême : combien de voyageurs (habitant forcément près d'une grande ville possédant un aéroport desservant plusieurs capitales européennes car passer plusieurs heures dans les transports, aériens ou ferroviaires, ou en correspondance, dans un aéroport ou une gare, est loin d'être agréable lorsqu'on est en week-end) utilisent l'avion pour passer plusieurs week-ends par an dans une grande ville européenne ? Je n'ai pas de réponse exacte à cette question mais voici ce que j'ai trouvé (chiffres d'avant la pandémie) : en 2019, 179,56 millions de passagers (statistiques de la DGAC), français pour un peu plus de 50 %, ont pris un vol commercial en France (en décollant ou atterrissant dans un aéroport français) et 49 % de ces passagers ont voyagé pour les vacances ou les loisirs (par exemple, pour se rendre sur le site d'un événement sportif). Si on considère qu'il y avait la même proportion de passagers français qui ont voyagé pour une raison touristique que de passagers étrangers, on obtient donc le chiffre de 52,97 millions de passagers-touristes français, qu'il faut diviser par deux (aller et retour) pour obtenir une estimation plus ou moins grossière du nombre de touristes français qui ont fait un voyage en prenant l'avion durant l'année 2019. Cela représente donc 26,48 millions de touristes français qui ont fait un seul voyage en avion dans l'année (soit l'équivalent d'un peu plus que 39,5 % de la population française), ou 13,24 millions qui ont fait deux voyages dans l'année (ou un seul voyage mais avec une correspondance sur le sol français), ou, carrément, 509.320 touristes français ont qui ont pris l'avion pour partir tous les week-ends de 2019 (soit un poil plus que 0,76 % de la population française) !

Source principale : www.ecologie.gouv.fr/sites/default/files/bulletin_stat_trafic_aerien_2019.pdf

Il est vrai que ces chiffres peuvent paraître affolants, car même si ma femme et moi sommes voyageurs (nous avons fait 3 voyages en 2019, c'est-à-dire notre valeur annuelle haute, qui représentent 14 passagers-touristes sur les 52,97 millions des statistiques de la DGAC) et que nos amis les plus proches sont par conséquence aussi des voyageurs (mais moins que nous), très très peu de personnes de notre entourage (famille ou collègues de travail) voyagent régulièrement en avion pour leurs vacances. Bien que notre entourage et nos amis proches ne puissent pas être considérés comme échantillon représentatif pour un sondage, tout porte à croire, voire imaginer, que seulement 2 ou 3 % de la population française utilisent l'avion au moins deux fois par mois pour partir en vacances ou en week-end, c'est-à-dire un chiffre bien loin des délires de certains extrémistes de l'écologie !

Je ne le répéterai jamais assez : le transport aérien de passagers ne représentait que 1,5 % des émissions totales de CO2 en France en 2019 (donc avant la pandémie et donc avant une diminution brutale du nombre de passagers dans le transport aérien) ! A titre de comparaison, le textile et l’habillement représente entre 8 et 10 % des émissions totales de CO2, mais courir les soldes deux fois par an reste le grand sport national que peu de personnes remettent en cause (ou en tous cas, pas aussi fort que pour dénoncer le transport aérien). Une solution efficace pour diminuer de plus de 7 % les émissions de CO2 pour limiter le réchauffement climatique serait donc de migrer vers les tropiques (pour réduire aussi le chauffage) et de devenir tous naturistes (il faut ce qu'il faut pour aussi éviter d'utiliser la climatisation)... Bref, entre tous ces délires, ça serait bien qu'il y ait un peu de modération, tant de la part des écolos des villes qui mettent dans le même panier tous ceux qui n'éprouvent aucune passion à cultiver leur potager collectif, que, il faut bien le reconnaître, de la part des voyageurs du dimanche (dont plus d'un tiers sont certainement Franciliens car peu d'aéroports français permettent de rejoindre n'importe quelle capitale européenne en direct) !