Clichés & stéréotypes...

Article n° 63, publié le 28-Juin-2014, par Christophe.
Catégorie(s) : science & culture.

BD Stéréotype 1

BD Stéréotype 2

BD Stéréotype 3

La plupart des Français pensent que la «glace italienne» (où à l'italienne), celle avec la machine à air pulsé qui permet de modeler des formes artistiques avec la glace, est originaire d'Italie et qu'on trouve ce genre de machine à chaque coin de rue dans les villes italiennes. Alors, d'après vous, vrai ou faux ? Est-ce l'un de ces nombreux clichés colportés par la vindicte populaire ou la simple vérité ? Et qu'en est-il des Anglais qui ne mangent que de la viande bouillie avec de la sauce à la menthe ou encore de la présence de phoques sur les îles grecques ?

En fait, ce que les Français nomment «glace italienne» n'est rien d'autre que de la crème glacée «américaine» (c'est exactement, la même machine qu'au Mc Do pour les «sundays» ; mea culpa, je suis déjà malheureusement rentré dans un Mc Do mais promis juré, c'était il y a fort longtemps et depuis, je n'ai plus jamais passé le seuil de porte d'un de ces «fast food» ;-)), faite à base de crème anglaise (lait entier, jaune d'œuf et sucre, donc assez riche en calories ; mais au fait, est-elle vraiment anglaise, cette crème ? Il semblerait que oui). Alors qu'en Italie (Rome, Venise, Toscane), la glace («gelato» en version originale) est beaucoup plus légère, elle est aussi plus savoureuse car plus parfumée (fruits, pistache, chocolat, etc... ; elle se rapproche d'ailleurs plus d'un sorbet) et elle est présentée en bac dans les congélateurs des «gelateria», comme chez les glaciers en France, mais servie avec une spatule avec laquelle le serveur malaxe un peu la glace avant de la mettre en cornet. En Italie, on ne voit pratiquement aucune machine à air pulsé. On pourrait alors penser que l'origine de cette glace vient quand même des Italiens expatriés aux Etats-Unis mais la première machine pour «glace italienne» a été fabriquée par une société anglaise où Margareth Thatcher a travaillé avant d'entrer en politique (certains auraient préféré qu'elle continue à s'occuper des machines à glace) !

Autre plat, le «chili con carne» : contrairement à ce que l'on peut penser, ce plat n'est pas originaire du Chili (dont la cuisine est plutôt tournée vers les produits de la mer, environ 7.000 km de littoral obligent). Le détail amusant, c'est que le «Guide du Routard» sur le Chili mentionnait (en 2001) une origine mexicaine à ce plat, ce que dément le «Guide du Routard» sur le Mexique qui l'attribue à la cuisine tex-mex. Le «chili con carne» est connu, en France, depuis qu'un certain «JR Ewing», habitant Dallas au Texas, est apparu sur le petit écran. Et oui, l'origine de ce plat est bien texane (même si une partie du Texas a été sous domination mexicaine pendant un certain temps : fort Alamo, David Crockett...). Il est d'ailleurs intéressant de profiter de ce paragraphe pour tordre le cou à quelques clichés sur les cuisines du monde : le seul endroit au monde (mais nous sommes encore loin d'avoir parcouru toute la planète) où nous avons eu des problèmes avec les piments, c'est bien avec la cuisine tex-mex aux USA ! Au Yucatan (sud du Mexique), nous n'avons eu aucun problème car rares sont les plats pimentés (attention toutefois au petit pot de condiment sur la table, ce sont peut-être des piments très forts). Idem pour le Chili, ou les Antilles Françaises où les plats créoles sont épicés mais pas pimentés (attention toutefois en Guyane avec des crevettes à la diable : ce plat n'est pas totalement inoffensif...).

Continuons sur un stéréotype courant sur la cuisine anglaise (qui n'est pas pimentée du tout). D'accord, je n'ai pas de connaissances particulières sur la cuisine anglaise mais l'Irlande du Nord et l'Ecosse font bien parties du Royaume-Uni, ça pourra aller pour la démonstration ? Premièrement, les petits-déjeuners traditionnels écossais ou irlandais (nord et sud confondus) sont consistants mais aussi excellents : c'est le meilleur repas de la journée (même s'il devrait être le seul de la journée, vu le nombre de calories avalées pendant ce repas !). Deuxièmement : pour les Français qui mangent grenouilles, escargots et tripes à la mode de Caen, pourquoi ne pas vous laisser tenter par un haggis écossais, la panse de brebis farcie ? Pourtant un haggis, surtout avec une bonne sauce au whisky, est bien meilleur que des trippes à la mode de Caen ! Troisièmement, un bon «stew» irlandais à la Guinness, c'est bien meilleur qu'un pot au feu français qui n'est d'autre que de la viande bouillie, reproche que l'on fait généralement à la cuisine anglaise ! Quatrièmement : un bon «Fish & Chips» avec du poisson frais (et une huile correcte), c'est délicieux et pas si gras que ça (certainement bien moins gras qu'un «Mc Quick»). Et pour finir, le saumon fumé (irlandais surtout) : la tourte au saumon fumé et au hadock fumé que j'ai mangé un soir dans un pub irlandais, je m'en souviendrai toute ma vie, c'était délicieux (et n'oublions pas le petit-déjeuner au saumon fumé, le top du top du top des petits-déjeuners que nous avons eu l'occasion de manger en Irlande du Nord) ! Alors, rassuré sur la cuisine d'outre-manche ?

Les Vietnamiens mangent du chien : ce n'est pas un cliché totalement faux, nous avons vu du chien sur les marchés (déjà cuit ou qui n'allait pas tarder à l'être) mais franchement, ce n'est pas un plat très couru ! C'est comme dire que les Français mangent des escargots : j'en mange une fois tous les deux ans, voire une fois par an, pas plus, et vous ? Puis, la viande est chère au Viêt Nam, donc peu consommée. Le poulet doit certainement être la viande la plus cuisinée au Viêt Nam, comme un peu partout sur la planète, loin devant le chien. De toute façon, il n'y a aucune raison de traiter des Vietnamiens de sauvages parce qu'ils mangent du chien (alors que pensent les Indiens de nous, mangeurs de vaches ?), ni de bouder l'excellente cuisine vietnamienne que je classe dans le top 5 des cuisines du monde (avec la cuisine antillaises, la cuisine méditerranéenne - grecque et italienne en particulier, la cuisine du sud-ouest de la France et la cuisine alsacienne - même, et surtout, préparée aux antipodes ;-) ; cf l'article intitulé «steak-frites» sur ce site, où je souligne la diversité de la cuisine française).

Dans les clichés très tenaces, nous avons «les Africains sont tous des fainéants», ce qui reviendrait à dire que les Européens sont tous blonds aux yeux bleus : difficile de généraliser à l'ensemble d'un continent, n'est-ce pas ? (Même si des enfoirés pensent que ça devrait être ainsi :-$). Puis, ce n'est certainement pas le cas d'une très grande majorité de femmes africaines, donc grosso modo 50 % de population africaine. Enfin, si l'on prend l'exemple des hauts-plateaux à Madagascar, les hommes et les femmes triment sans relâche dans les champs et les rizières et les pères s'occupent même des jeunes enfants après les travaux des champs ! Mais sans la moindre aide financière pour améliorer leurs exploitations, la production est faible, ils ne vivent qu'au jour le jour, enfin, ils survivent... Comment faire pour qu'un peu d'argent leur parvienne sans qu'il soit détourné au profit du président-dictateur en poste et de sa famille ? Y aller en voyage et dépenser de l'argent sur place est une solution possible mais il faut savoir que le tourisme a quand même des effets pervers, comme ces gamins qui ne vont plus à l'école pour mendier ou vendre des bricoles auprès des touristes (la solution pour les aider paraît simple mais sa mise en pratique l'est beaucoup moins) !

Et les Grecs, sont-ils tous homosexuels (gays) ? Si cela était vrai, depuis la Grèce antique, le pays ne devrait plus être habité que par des hommes, gays bien évidemment ! Ce qui n'est pas le cas car environ 50 % de la population grecque sont des femmes, comme dans n'importe quel pays du monde. Mais au fait, l'île de Lesbos est en Grèce ? Ca ne serait rien qu'un pays de gays et de lesbiennes ? Comme ce n'est pas marqué sur leur front, c'est difficile de s'en rendre compte mais de toute façon, la proportion d'homosexuels en Grèce doit être comme en Angleterre (mauvais exemple, ils ont aussi cette réputation) ou en France (quoi qu'avec le mariage pour tous, les opposants ont essayé de nous faire croire qu'on allait tous finir sodomisé). Puis, si deux hommes ou deux femmes sont bien ensemble, ou si d'autres personnes qu'ils soient homo ou hétéro, sont bien à trois (puisque d'après les opposants au mariage pour tous en France, la loi va être la porte ouverte à cette pratique ; sacré argument...), du moment qu'ils n'obligent personne à le faire contre sa volonté, ça gène qui ? A part quelques religieux qui y voient leur dogme ébranlé (ce qui les a rendus sourds au dialogue), ou peut-être vous, moi, ça ne me gène absolument pas ! Mais prenons donc un autre exemple qui devrait vous faire réfléchir : l'abus d'alcool par les jeunes est un problème grave mais une beuverie fortement alcoolisée entre adolescents ne choquera pratiquement personne («il faut bien que jeunesse se fasse, mes bonnes dames !») alors qu'une partouse... N'osons même pas aborder le sujet, trop tabou ! Pourtant, vider cul-sec une bouteille d'alcool fort est bien plus dangereux pour la santé qu'un rapport sexuel protégé mais, dogme religieux oblige, on se focalise sur le faux problème, ou pire encore, on crée un vrai problème en bannissant l'usage de la capote par conviction religieuse. Idem pour l'homosexualité : pourquoi voir un problème là où il n'y en a pas ?

Comme le cliché précédent m'a énervé et que je suis lancé, continuons avec les USA, le pays de la réussite ! Le clochard de Beverley Hills, vous connaissez ? En 1991, je l'ai croisé (et surtout senti), le vrai : il est monté dans le bus et a pissé contre la paroi arrière, à l'intérieur du bus, avant de redescendre au prochain arrêt de bus (la raison de ce geste est certainement assez simple à comprendre : si ce clochard avait pris la liberté de pisser dans la rue, il se serait certainement fait épingler par les flics). Cela s'est passé à 50 mètres de «Rodeo Drive», l'avenue la plus chère d'Hollywood, celle qui n'accueille que les magasins de luxe les plus prestigieux devant lesquels sont garés quantité de Ferrari ou autres voitures de luxe ! On ne peut pas dire qu'il avait réussi, ce clochard de Beverley Hills. Trois jours auparavant, à «New York», je ne pouvais pas faire autrement que de prendre le taxi pour rejoindre le terminal de bus car il était littéralement assiégé par une armée de clochards qui voulaient entrer pour s'y réchauffer (c'était fin février). C'était une véritable bataille rangée avec les flics qui défendaient l'eldorado que représentait ce terminal de bus. On ne peut pas dire qu'ils avaient réussi, tous ces clochards ! Et je ne parle même pas de Las Vegas, la ville de tous les paumés des USA... De manière générale, pour réussir aux Etats-Unis, il faut déjà avoir de l'argent (ce sont les chiffres de l'OCDE qui l'affirment : on a plus de chance de «réussir», en partant de rien, au Canada ou en Corée du Sud, qu'aux Etats-Unis où l'ascenseur social est plutôt bloqué ; même si dans ces trois pays, le fait d'avoir des parents riches augmente considérablement les chances de réussite), argent qu'on pourra faire fructifier, pratiquement à l'infini pour une infime partie de la population (dont quelques rares personnes qui ont vraiment commencé avec presque rien en poche), ou tout perdre sur un simple éternuement de «Wall Street» et finir dans la pauvreté la plus extrême pour une plus grande partie de la population ! Ce pays m'a profondément choqué à l'époque de Bush senior (tout en sachant que «junior» a fait bien pire, notamment à la Nouvelle-Orléans), c'est peut-être moins le cas aujourd'hui pour diverses raisons (l'élection d'Obama en est une, parce qu'il essaie d'agir en faveur des déchus du rêve américain, même si c'est de manière infinitésimale parce que, entre autres, les Américains pauvres ne veulent pas, non plus, de hausses d'impôt, auquel ils ne sont pas assujettis, car quand ils deviendront riches, certainement dans une autre vie, ils devront alors payer plus d'impôt :-$). Mais la glorification de ce pays pour son ultralibéralisme m'est toujours quelque peu irritante. Au fait, qu'est-ce que la «réussite» ? Le fait de changer de gros pick-up 4x4 et de grand écran plat tous les deux ans au prix de 20 heures de travail par jour (et donc au risque de dégrader sa santé) ou vivre en bonne santé, en ayant le temps de profiter dignement et paisiblement de la vie ? A méditer...

Quel que soit le sujet, ne croyez pas aux idées reçues ou préconçues, méfiez-vous des stéréotypes et des divers dogmes (politiques ou religieux), renseignez-vous et recoupez les informations (et ne faites pas confiances aux journalistes, ou pire aux politiques, pour le faire à votre place). Et pour cela, quoi de mieux que d'aller voir par vous-même sur place ? Mais, toutefois, en évitant les voyages organisés (de groupe) car généralement les participants à ce genre de voyage ne font que renforcer les stéréotypes, tout simplement parce que, par exemple, ils vont voir les Ferrari de «Rodeo Drive» mais pas les clochards puisqu'ils ne prendront pas le bus de ville à «Los Angeles». En voyageant, non seulement vous en apprendrez plus sur le pays visité, mais aussi sur votre pays via les clichés qu'ont les étrangers sur la France. D'ailleurs, essayez de faire tomber les clichés les plus négatifs (et les plus tenaces) sur les Français : nous sommes tous râleurs sans fin et sales mais, d'après les Américains, nous roulons aussi tous en «Citroën DS» (pas les nouvelles «DS» mais les anciennes avec la suspension hydraulique), comme dans ce film, bien évidemment hollywoodien, sorti il y a un an, dont l'action se déroule pourtant de nos jours : je me suis demandé comment ils avaient fait pour trouver autant de «DS» pour les quelques plans tournés dans les rues de Paris (au passage, le cinéma est un gros pourvoyeur de clichés) ! Je crois je vais arrêter de me laver pour ne pas décevoir les Américains car pour ce qui est de râler, je suis bien Français et ce n'est pas un cliché ;-) !

PS : au fait, ne me taxez pas d'anti-américanisme primaire car je reconnais que pour d'autres sujets, les USA sont tout de même exemplaires, comme par exemple, pour l'accueil et l'encadrement des visiteurs dans les parcs nationaux (ou l'étaient car je ne sais pas ce qu'il en est depuis 1999).

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