Vendredi 10 avril : (suite)

S'en suit une grande montée équipée des marches. Nous longeons la falaise, le fond du canyon est de plus en plus loin. Nous stoppons sur une corniche à flanc de falaise. Un Bédouin s'est installé là pour vendre du thé (qui a un goût pas terrible, Christophe le surnomme même le thé à la pisse de chamelle). Quelques mètres après, ce sont les passages vertigineux. Le premier ne pose pas vraiment de problème mais le second est plus problématique. Nous pouvons le passer de deux manières : l'une, très impressionnante, consiste à poser les pieds sur une petite arête, en se plaquant contre le rocher, avec le vide derrière . L'autre consiste à escalader un peu la roche et de passer, courbé en deux, dans le fond d'une anfractuosité : moins confortable, mais plus éloignée du vide.

Après ce dernier passage vertigineux, nous sommes au pied de deux pitons aux sommets desquels les Bédouins ont installé des tentes (pour vendre thé et autres boissons, comme celle au coca et au cola : ça fait du bien après toutes ces kilomètres de course). Au loin, nous apercevons l'urne du Monastère : le "petit" appendice de ce tombeau fait 9 mètres de haut, nous avons hâte de voir le reste du tombeau. Hanna nous propose deux endroits pour pique-niquer : soit où nous sommes, c'est à dire l'une des tentes sur les pitons (la vue y est très belle mais sans tombeau en vue), ou à un "café" juste devant le Monastère mais nous ne pourrons pas y manger notre pique-nique sans consommer, ce qui n'est pas du goût de tout le monde dans le groupe. Nous avalons donc rapidement notre pain-Kiri (c'est vite fait) sur le piton, avant d'abandonner le groupe pour voir le Monastère.

Le Monastère, ou le Deir (ce sont les Bédouins qui ont donné les noms aux monuments), n'a rien à voir avec un endroit où se regroupaient des moines. C'est un tombeau nabatéen, certainement le plus monumental de tout le site. L'urne, de 9 mètres de haut, fait toute petite quand on est au pied du Monastère. Les chapiteaux au dessus des colonnes sont assez austères, mais le gigantisme de la façade est impressionnant. Par contre à l'intérieur : rien, nada ! Juste une grande salle cubique où des gamins jouent bruyamment au foot  !

Vers une heure moins le quart, nous commençons la descente des 800 marches qui nous séparent du reste du site. Au passage, nous nous arrêtons à la tombe aux lions (car deux lions sont sculptés de chaque côté de la "porte" d'entrée), très érodée.

Et là, c'est l'occasion de pousser un coup de gueule contre ces saloperies de touristes (nous ne pensons pas que ce sont les Bédouins, vue la présence de papier toilette) qui prennent les salles des tombes nabatéennes pour des toilettes  ! Quand nous pensons qu'Hanna nous avait dit de prendre un petit sachet en plastique, pour ne pas laisser de PQ dans le désert (on a beau l'enfouir sous le sable, à la première tempête de sable, ça revient à la surface), des malotrus de la pire espèce défèquent au plein milieu d'un site archéologique. Et en plus pas n'importe où : dans l'un des points d'intérêt du site... C'est peut-être moins pire que ces crétins qui sculptent leur nom, mais nous trouvons ce comportement inadmissible ! !

Après la descente des 800 marches, perturbée à cause des ânes (eux, au moins, ils font sur le chemin et n'utilisent pas de PQ, mais ça pue pareil), nous arrivons enfin au musée de Pétra (qui possède des toilettes). Visite rapide car la partie magasin est presque plus grande que le musée. Nous continuons ensuite vers le "château de la fille de Pharaon", "Qasr Al-Bint", qui est un (véritable) temple nabatéen. Il surprend un peu, car pour nous, Pétra, ce n'étaient que des tombeaux sculptés dans la falaise. D'ailleurs, à côté, on peut voir un tombeau inachevé, qui montre comment les tombeaux étaient sculptés : en commençant par le haut !

Nous montons ensuite vers le temple aux lions ailés, avant de nous arrêter à l'église byzantine qui possède de magnifiques mosaïques. De là, nous avons une belle vue panoramique sur le grand temple romain, le Cardo et, plus loin, sur les tombeaux royaux, au fond de la vallée.

Nous continuons justement vers ceux-ci. Le tombeau de la soie est l'un des moins décorés par la main de l'homme, mais c'est la nature, le gré multicolore, qui en fait tout son charme. Nous montons ensuite vers le tombeau à l'urne (d'où nous voyons au loin, l'urne du Monastère), qui fut transformé en église à l'époque byzantine. Sa salle est plutôt grande et trois grandes niches en ornent le fond. L'acoustique du lieu donne l'occasion à Zeitoun et Simsime de réciter, devant de nombreuses personnes, leur petite "comptine" en Arabe que leur apprend Hanna depuis plusieurs jours : "Alla, Alla, bi chai..." (bonjour, bonjour, le thé est chaud, les œufs sont frits... ).