Mercredi 13 mai : (suite)
La file d'attente ne se tasse même pas (en France, tout le monde aurait fait aussitôt deux pas en avant, même s'il n'y avait pas de place pour avancer et des "comiques-troupiers" auraient même essayé de se faufiler pour gagner quelques places). Et quand les portes de la billetterie s'ouvrent enfin, c'est rentré tout seul, doucement mais sûrement, sans précipitation ! Anne-Marie introduit alors deux billets de 1.000 yens dans l'automate de vente et cafouille un peu si bien que la machine lui rend les 2.000 yens en pièces de 100 yens, pièces qu’il faut alors réintroduire une à une !
Nous mettons alors le cap vers le donjon : le personnel du château est présent partout pour guider et assurer la sécurité des visiteurs dans la bonne humeur (avec de grands sourires). A l'entrée du donjon, il faut retirer ses chaussures qu'il faudra promener dans un sac plastique (car on ressort par une autre porte). L'ascension des 5 (ou 6) étages du donjon en bois, se fait donc en chaussettes, sur des escaliers en bois, de plus en plus pentus. Le dernier escalier ressemble même à une échelle, il faut baisser la tête et faire attention de ne pas cogner le sac à dos contre le plancher supérieur. La plupart des visiteurs montent rapidement au dernier étage mais nous nous attardons un peu à chaque étage, pour admirer la charpente exceptionnelle : tout repose sur deux gros piliers en bois (95 cm de diamètre en haut), situés à l'intérieur du donjon. Puis, il y a aussi des petites caches où des guerriers se cachaient en cas de prise du donjon, des trappes ouvrant sur ses mâchicoulis, des trous et des râteliers pour les mousquets (le donjon date du XVIIème siècle, les arcs étaient aussi passés de mode au Japon). Une fois arrivé au dernier étage, on peut faire au choix, une petite prière au temple (activité facultative), admirer la vue sur la ville (bof) ou les fortifications du château (bien mieux), ou contempler les "shashi-gawar" qui ornent les toitures du donjon (ce sont des animaux mythiques, sorte de gros poissons, protégeant le donjon du feu). Et quelque soit l'activité choisie, de toute façon, elle est suivie par la redescente (nous prenons à nouveau notre temps). Et une fois arrivé au sous-sol du donjon, il n'y a plus qu'à admirer les latrines en bois et la largeur des piliers supportant le donjon !
En sortant du donjon, nous arrivons sur une grande esplanade située au pied du donjon qui trône majestueusement au dessus d'un haut rempart qui sert de fondation au donjon. Les japonais ne se collent pas au rempart, ils reculent bien au fond de l'esplanade pour jouir de la vue sur le donjon qui est tout simplement exceptionnelle. De plus, ils ne prennent pas 15 millions de selfies (ils en font quand-même un, rapide). Les japonais sont vraiment parfaits (il va bien falloir leur trouver un défaut, mais pour l'instant, à part leurs bip-bips et autres petites sonneries dont ils raffolent immodérément, il est difficile de leur en trouver ; il faut quand-même dire qu'à n'importe quel instant de la journée, on entend toujours un petit gadget électronique bipper ou jouer une petite sonnerie ; prenez n'importe quel bruit de gadget électronique, comme le radar de recul des voitures, ou le feu de recul des poids lourds : c'est certain qu’il a été inventé au Japon et dans ce même récit de notre carnet de voyage, chers lecteurs, vous aurez l'origine, toute simple, de ce bruit au demeurant fort utile pour la sécurité !).
La visite continue par l'est, le long des remparts, et se finit près de la grande douve remplie d'eau (où nagent des tortues), le fossé Sangoku. De là, nous voudrions rejoindre les fortifications ouest mais une barrière de chantier en bloque l'accès. Christophe demande alors à une employée du château : nous pouvons bien accéder à cette partie des fortifications mais il faut revenir vers la porte principale, la porte Hishinomon, et prendre à droite juste avant. Depuis le jardin situé au centre de ces fortifications (qui servirent de lieu de résidence pour les habitants du château), la vue sur le donjon est splendide (Christophe prend une nouvelle série de photos du donjon, ça sera dur de trier au retour) ! Nous nous déchaussons à nouveau pour entrer dans les appartements, tout en longueur, situés au dessus des remparts ouest. Dans une des salles, un film sur la restauration du donjon est diffusé en boucle. Il est en japonais mais les images sont suffisamment explicites pour les comprendre. Les japonais ont vraiment fait les choses en grand en commençant par bâtir un immense sarcophage métallique autour du donjon dont on ne voyait plus rien de l'extérieur. Puis, ils ont retiré toutes les tuiles, pour remplacer le bois pourris de la charpente, refait les "shashi-gawar" qui ornent le sommet de la toiture, et refait tout l'enduit qui recouvre les murs en bois du donjon. La restauration a duré quelques années et ce n'est que depuis le 27 mars de cette année que le donjon est de nouveau ouvert au public (et ils refont ça tous les 50 ans, vous avez donc le temps d'y aller avant vos 50 ans).