Article n° 204, publié le 4-Mars-2023, par Christophe.
Catégorie(s) : environnement, réflexions diverses.
Pourquoi voyager pour émettre des tonnes de CO2 qui participe au réchauffement climatique ? Pourquoi voyager pour propager des maladies comme le Covid-19 ? Pourquoi voyager pour chasser les autochtones des centres-villes et détruire leurs traditions ? Pourquoi voyager pour dégrader des sites naturels ou archéologiques ? Pourquoi voyager pour maltraiter (directement ou indirectement) des animaux ? Pourquoi voyager pour profiter sexuellement de gamins ? Ca m'a troué le cul quand j'ai lu la première fois sur un forum, cet argument d'un extrémiste anti-tourisme pour qui les voyageurs n'étaient que des pédophilies en puissance qui vont émettre des tonnes de CO2 rien que pour aller enculer des petits Thaïlandais ! Certes, d'après une ONG, sur un milliard de touristes internationaux en 2012, 10 % environ auraient choisi leur destination en fonction de l’offre sexuelle locale. Ce chiffre me paraît exagéré, même s'il faut bien avouer que la prostitution, avec l'alcool et les drogues à volonté, doit être la principale motivation d'une bonne proportion de voyageurs mâles américains (frustrés comme ils sont dans leurs pays, ça ne serait vraiment pas étonnant). Quoi qu’il en soit, pour nous, le voyage est synonyme d’ouverture d’esprit et de découverte, et se priver de voyage n’est pas une solution que nous envisageons ! Alors, vraiment, pourquoi voyager loin alors qu’on a tout en France ?
1- Voyager pour rencontrer d’autres peuples et découvrir d’autres cultures !
Par exemple, avant notre voyage en Russie, nous avions un avis assez négatif sur les Russes : impolis, rustres, imbus de leur personne et alcooliques (je parle bien des Russes, pas des Français, même s’il pourrait y avoir confusion ). Mais suite à notre voyage à Saint-Pétersbourg et Moscou, nous avons changé d'avis car nous avons alors rencontré un échantillon bien plus représentatif de la population russe de ces deux grandes villes, que l’échantillon de Russes croisés par inadvertance à l’étranger ou en France (c'est-à-dire un échantillon certainement composé de proches d'oligarques ou de mafieux). Nous nous sentions même proches des Russes qui sont plutôt propres (ils ne jettent pas des déchets partout, les voies de métro et les rues sont propres), disciplinés et même respectueux, en tous cas, bien plus que les Français ou les Américains (peuple que j'ai bien du mal à comprendre sauf si j'applique la règle suivante : «faire du fric à tout prix !»). En voyage, rien que de faire des courses alimentaires (pas de shopping, ou d'achat de souvenirs «Made in China») dans des magasins ou des supermarchés, est un bon début pour découvrir un pays et ses habitants. Bien évidemment, dormir chez l'habitant est ce qui se fait de mieux pour découvrir la culture d'un pays car ce n'est pas en courant les animations folkloriques pour touristes que cela est possible !
2- Voyager pour déguster de nouveaux plats !
Certes la gastronomie fait bien évidemment partie de la culture d'un pays mais c'est pour nous très important de manger local lors d'un voyage. Je ne fais évidemment pas référence à la cuisine gastronomique, dégustée dans des restaurants étoilés par le Bibendum, mais à la cuisine familiale de tous les jours, celle que l'on mange dans les restaurants que fréquentent les locaux. Ces plats sont, par exemple, les tapas en Espagne (ou les pintchos au Pays Basque), les okonomiyakis au Japon, le «nasi goreng» à Bali, etc... La cuisine française est très bonne mais plein d'autres cuisines à travers le monde sont aussi très bonnes. Même le haggis est un plat que j'ai apprécié en Ecosse, avec une bonne sauce au whisky (il ne faut tout de même pas exagérer ). Pour nous, il est hors de question d'avaler un hamburger-frites de la restauration rapide d'une grande chaîne américaine sur les marches du pont du Rialto à Venise !
3- Voyager pour contempler des paysages fabuleux !
Oui, il y a des beaux paysages en France, comme les gorges du Verdon ou, surtout, les cirques de l'Ile de la Réunion... Ah ? Il paraît qu'il faut prendre l'avion pour se rendre sur l'Ile de la Réunion depuis la métropole . Blague à part, qui n'a jamais rêver de découvrir, en vrai (car en photo ou en vidéo, ce n'est vraiment pas pareil), «Bryce canyon», les chutes d'Iguazú ou encore les dunes du désert de Namibie ? En tous cas, on n'a pas (encore ?) de désert de sable en France et j'espère bien qu'un petit malin ne va pas me rétorquer qu'il y a en France la Mer de Sable à Ermenonville ou encore les orgues d'Ille-sur-Têt. Ces orgues catalanes sont certes très jolies, elles méritent une visite, mais par rapport à «Bryce canyon», c'est du pipi de chat ! Puis, l'émotion que l'on ressent à contempler les dunes orange du désert de Namibie est bien supérieure à celle que l'on ressent devant les tas de sable d'Ermenonville, il n'y a pas photo !
4- Voyager pour découvrir des monuments historiques exceptionnels !
Oui, encore une fois, la cité de Carcassonne en France est l'une des plus belles cités médiévales au monde. La France regorge de monuments historiques mais là encore, qui n'a jamais rêver de découvrir en vrai le «Machu Picchu», Angkor, Petra ou Uxmal ? D'accord, pour gâcher le plaisir, il y aura bien plus de monde sur ces sites que dans le village gaulois reconstitué de Haute-Garonne, mais il faut savoir que généralement les touristes «inadéquats», c'est-à-dire ceux qui passent en coup de vent pour satisfaire leur narcissisme (qui consiste à montrer à leurs contacts sociaux qu'ils étaient bien sur les lieux de tournage de «Game of Thrones» ou du dernier clip de Juste Imbibé), ne sont pas matinaux et repartent vite le soir pour profiter du bar de leur «All Inclusive» ou de leur navire de croisière. Par exemple, en dehors de la haute saison, à 8 heures du matin, il n'y a presque personne sur la place Saint-Marc à Venise et même, il n'y a (relativement) pas beaucoup de touristes à Venise en dehors du pont du Rialto, de la place Saint-Marc et du pont des Soupirs.
5- Voyager pour s'émerveiller devant des phénomènes naturels !
Pas d'aurore en France (sauf, par exemple, au-dessus de l'archipel des Kerguelen et de la terre Adélie en Antarctique), pas de geyser non plus, même s'il y en a un (pas tout à fait naturel) dans l'Ardèche. Aucune projection 3D et aucun casque de réalité virtuelle ne pourra remplacer l'émerveillement que l'on ressent devant une aurore boréale ou un geyser digne de ce nom comme Strokkur en Islande ou «Old Faithful» à Yellowstone aux USA. Reste à savoir si s'enfiler 6 canettes de bière devant un match de foot à la télévision provoque un tel émerveillement mais sachez tout de même que si vous buvez 2 canettes de bières par jour, vous émettez plus de gaz à effet de serre que si vous aviez fait un aller-retour en avion entre Paris et Reykjavik (et en plus, en Islande, vous auriez pu profiter de la géothermie pour l'eau chaude)... De toute façon, Mbappé n'est pas à la hauteur devant une aurore boréale, même la plus timide : Kylian mesure 1,78 m, les aurores font des dizaines, voire des centaines de kilomètres de haut !
6- Voyager pour observer les animaux sauvages !
En France, j'ai observé quelques rares isards et quelques marmottes de près dans les Pyrénées mais ça s'arrête là pour la faune terrestre. En faune sous-marine, j'ai bien croisé quelques mérous dans la réserve de Port-Cros et des tortues marines en Guadeloupe... Oui, je tente le comique de répétition avec le point n° 3, mais s'il y a bien un point où on n'a pas tout en France, c'est bien de la faune sauvage qu'il s'agit : point de lion, d'éléphant ou de zèbre en liberté sur le territoire français ! Bien évidemment, je parle de voyage pour aller observer les animaux sauvages en liberté, pas d'aller les voir en cage dans un zoo, et encore moins de leur monter dessus comme le font les touristes «inadéquats» en Thaïlande (je parle des éléphants, pas des gamins). En plus, je suis persuadé que ce tourisme est nécessaire à la préservation des animaux sauvages en apportant du travail aux populations locales qui n'auront alors pas besoin de braconner pour vivre et en finançant des rangers pour protéger ces animaux contre les braconniers !
Il y a plein de raisons pour voyager et c'est à chacun de décider ce qu'il doit faire en son âme et conscience (par exemple, malgré mes voyages en avion, je ne rejette pas plus de CO2 que la moyenne des Français, même si cela semble étonnant ; mais quand on découvre combien de fois en moyenne est porté un vêtement avant d'être jeté, il ne faut s'étonner de rien). J'en ai marre des ayatollahs qui veulent dicter ce que je dois faire ! C'est bien français ça, de vouloir dicter ce que l'on doit faire. Au fait, ça pourrait même être une 7ème raison de voyager : éviter de côtoyer certains Français pendant quelques temps ! Car s'il y a bien un truc que l'on ne manque pas en France, ce sont des râleurs, des jaloux et des donneurs de leçons prêts à taxer les autres, sans réelle raison qui plus est, pour obtenir des aides... Partir à l'étranger, en dehors d'un voyage de groupe bien évidemment, peut être très bénéfique. Déjà, rien que passer la frontière espagnole, ça permet de côtoyer des conducteurs plus respectueux et courtois que les Français ! Puis un voyage à l'étranger de temps en temps devrait même être obligatoire pour certains Français, pour qu'ils se rendent compte qu’on n’est pas les plus malheureux en France, sans la pression sociale que subissent les Japonais, sans devoir vivre dans une case en terre de 5 mètre-carrés, sans eau courante, comme les Himbas en Namibie (même si certains Français savent déjà malheureusement ce que ça fait de vivre dans un carton sous un pont), sans la surveillance d'état comme en Chine ou sans tomber dans la folie des Américains (j'aime me prendre de temps en temps pour Obélix : «Ils sont fous ces Ricains !») !
PS-1 : Au fait, pour éviter les désagréments du tourisme de masse, j'ai déjà donné des pistes dans des articles précédents mais je réitère : si on interdisait les selfies, ça élimerait déjà une bonne partie de ces hordes touristiques qui ne visitent un lieu que pour satisfaire leur narcissisme ! Il ne reste donc plus qu'à interdire les «All Inclusive» et les «Happy Hours» pour résoudre le problème du tourisme de masse. Eh oui, si on veut jouer aux ayatollahs, j'ai aussi plein d'autres idées saugrenues, mais peut-être pas aussi saugrenues que celle de conseiller d'aller visiter les orgues d'Ille-sur-Têt pour éviter de se rendre en avion dans l'Ouest Américain, ou d'aller visiter l'île de Folégandros à la place de Santorin pour éviter le tourisme de masse (car il faut bien évidemment visiter ces deux îles qui sont très différentes ).
PS-2 : On peut aussi voyager pour aider les habitants des pays «pauvres» (même si les mots politiquement corrects sont «en voie de développement», bien que le développement des USA, pays riche de citoyens avides d'argent, ne soit sûrement pas un exemple à suivre) ! Nul besoin de participer à une mission humanitaire mais un séjour touristique, en évitant les grands complexes hôteliers, en déjeunant dans des restaurants locaux utilisant des produits locaux et en achetant de l'artisanat local (et non pas des souvenirs «Made in China»), permet déjà d'aider les habitants de ces pays, sans profiter de leur pauvreté comme osent le clamer de nombreux détracteurs des voyages (que ceux-ci aillent faire un voyage dans le nord du Viêt Nam, pour randonner avec des vendeuses H'Mongs scotchées aux baskets, et on en reparle ; et si cela ne leur suffit pas, qu'ils aillent se balader autour du Lac Rose au Sénégal, ça devrait les calmer définitivement...).
PS-3 : Petite question à Kevin, l'écolo des villes pour qui il faut bannir les voyages en avion et laisser les animaux en paix : pendant les confinements liés à la pandémie de Covid-19, que s'est-il passé en Namibie (et certainement dans d'autres pays d'Afrique) concernant les animaux sauvages ? Réponse A : comme les dauphins dans les canaux de Venise, ils ont pu reconquérir librement leur territoire pendant que les Hommes étaient enfermés chez eux ? Ou réponse B : les personnes vivant du tourisme (femmes de ménage dans les lodges par exemple) se sont retrouvées sans revenu et ont braconné pour pouvoir manger ? La bonne réponse est bien évidemment la B : des animaux comme les springboks ont vu leur population être fortement réduite ! Est-il alors nécessaire de poser la question suivante : que se passerait-il si on ne pouvait plus voyager en avion dans un pays désertique et sec comme la Namibie (pays qui ne possède quasiment aucune industrie et où l'agriculture est aussi quasiment inexistante car il est très difficile de faire pousser des légumes sur des cailloux ou dans du sable sans eau) ?