Article n° 211, publié le 7-Octobre-2023, par Christophe.
Catégorie(s) : environnement.
Vous vous rendez compte, rien qu’en prenant l’avion, j’émets plus de deux tonnes de CO2, c’est-à-dire ce que devrait émettre un Français pour se conformer à l’accord de Paris sur le climat (pour information, rien qu'en vivant en France, un Français émet déjà ces deux tonnes CO2, même sans rien faire, rien que par le biais des services publiques, et de l'armée, dont les émissions de CO2 sont à répartir entre tous les Français) ! Puis, tout ce pétrole que j'ai gaspillé alors que le gouvernement appelle à la sobriété. Les pauv’ p’tits Français ne peuvent plus rien faire à cause du prix de l’essence, alors que des nantis, irresponsables et égoïstes, comme moi, la gaspillent en prenant l’avion (au fait, quelqu’un peut m’expliquer pourquoi il y avait 927 km de bouchons sur les routes, le 21 mai dernier, le dimanche des retours du pont de l’ascension ? Ca en faisait quand même bien du monde qui a pu mettre 30 litres d’essence dans le réservoir de sa voiture pour partir en week-end). La grande question est donc : suis-je un hérétique aéronautique qu’il faut envoyer au bûcher ? Certainement répondront les ayatollahs de l’écologie pour qui c’est un péché mortel de prendre l’avion pour ses loisirs, mais qu’en est-il en réalité ?
La distance moyenne domicile-travail d’un travailleur français est de 19 kilomètres. Certes, certains utilisent les transports en commun pour se rendre à leur travail, surtout les Franciliens, d’autres covoiturent mais beaucoup (entre 70 et 80 % des travailleurs français) sont quand même seul dans leur voiture pour se rendre à leur travail. Cette distance est donc parcourue, deux fois par jours, 5 jours par semaine et 52 semaines par an, moins les jours de congés payés, les jours de RTT et quelques jours fériés qui tombent en semaine (par exemple, 9 jours en 2023). On va donc considérer que ces 2 x 19 km sont parcourus en moyenne 210 jours par an, ce qui donne 7.980 km par an, rien que pour se rendre au travail ! De plus, vu ce kilométrage, il s’agit le plus souvent de véhicule diesel qui va consommer dans les 4 litres aux 100 km. Notre travailleur consommera donc, dans l’année 319,2 litres de diesel. Comme la combustion d’un litre de diesel émet 2,67 kg de CO2, 852 kg de CO2 vont sortir annuellement du pot d’échappement de la voiture de notre travailleur, rien que pour ses trajets domicile-travail !
A titre de comparaison, la consommation d’un passager dans un avion de ligne est d’environ 3 litres de kérosène aux 100 km. Donc pour un aller-retour Paris / «New York», soit 2 x 5.836 km, un passager sera responsable de la consommation de 350,16 litres de kérosène. Comme la combustion d’un litre de kérosène émet 2,52 kg de CO2, un aller-retour Paris / «New York» émettra donc, pour la combustion du kérosène, 907 kg de CO2 par passager (soit une différence de 55 kg par rapport aux trajets annuels domicile-travail, soit à peine plus que les émissions de CO2 générés par la fabrication et le transport vers l’Europe d’un jean).
Bien évidemment, ce diesel ou ce kérosène, il faut le distiller et le transporter jusqu’à l’aéroport ou la station-service. Et avant que le carburant ne sorte de la raffinerie, il a fallu pomper le pétrole, le transporter en supertanker ou en oléoduc, etc... Tout ça, ce sont des émissions de CO2 à rajouter à l’automobiliste se rendant à son travail ou au voyageur aérien. C’est pourquoi on considère qu’un aller-retour Paris / «New York» est plus proche des 2 tonnes en termes d’émissions de CO2, mais c’est aussi pareil pour l’automobiliste ! A cela, il faut ajouter l’usure de la voiture, son entretien, ses vidanges, ses changements de plaquettes de frein, etc... Il faut bien fabriquer cette huile et ces plaquettes, et les transporter. Tout ça, ça génère aussi du CO2 ! Certains vont me rétorquer qu’un avion de ligne, ça s’entretient aussi, tous les 2 mois environ. Mais dans ce laps de temps, près de 20.000 passagers auront voyagé dans cet appareil et se répartiront donc le coût en CO2 de cet entretien, alors que pour le conducteur du véhicule automobile, tout l’entretien est pour sa pomme. Finalement, les émissions de CO2 sont équivalentes entre un aller-retour Paris / «New York» et un an de trajets domicile-travail en voiture !
Donc, comme je ne vais pas au travail en voiture, mais en vélo (car je n’ai que 2 km à faire), ou que je suis en télétravail à mon domicile, je considère que je peux prendre une fois par an l’avion pour me rendre à «New York», sans polluer plus que mes concitoyens ! Certes, je parcours généralement en avion plus que la distance d’un aller-retour Paris / «New York» par an, mais l’automobiliste a, par exemple, pris sa voiture pour traverser la France, pour rejoindre son lieu de villégiature estival, ce que je ne fais pas (vu que j’y vais en avion, de l’autre côté de la planète). Certes, pour ses vacances, le Français voyage rarement seul dans sa voiture, il part avec sa famille, mais parfois en utilisant un camping-car, c’est-à-dire un engin gourmand en carburant. De toute façon, en moyenne, une voiture diesel en France parcourt environ 15.000 km par an, ce que je suis loin de faire, même en prenant en compte les kilomètres effectués en voiture de location lors de mes voyages. Ces 7.000 km par an de plus que les trajets domicile-travail pris en exemple dans cet article, représentent 747 kg de CO2, ce qui laisse donc un peu de marge pour aller un peu plus loin que «New York» en avion, par exemple, pour rejoindre Bonaire ou Pointe-à-Pitre dans les Antilles (dont un aller-retour représente 1,2 tonne de CO2, juste pour la combustion du kérosène).
Mais, par rapport au banlieusard assimilé-parisien, celui qui prend le train (électrique) deux fois par jour pour rejoindre son travail de l’autre côté de Paris, lui n’émet pas 852 kg de CO2 par an pour de rendre à son travail ? Mais pendant son heure et demie de trajet quotidien, il faut quoi ce monsieur ? Ne materait-il pas des vidéos 4K en streaming sur son smartphone en 4G, smartphone qu’il change tous les 20 mois (peut-être par un appareil d’occasion, mais cela signifie tout de même qu’une autre personne a changé le sien pour un neuf) ? Moi, le premier smartphone que j’ai acheté neuf (et que j'utilise toujours), c’était en 2020. Avant, je finissais ceux de ma femme qu’elle conservait déjà longtemps. J’ai cependant acheté une tablette Wifi neuve bien avant ce smartphone mais elle a maintenant plus de 6 ans et elle fonctionne toujours très bien. Quant à mon ordinateur, l’avant-dernier a été acheté en 2008 et il est tombé en panne en 2020 : inutile de dire qu’il est impossible de faire réparer un ordinateur de 12 ans ! Pour information, plus de 60 % des ordinateurs sont changés dans les 4 ans... Quant à ma télé, je l’ai acheté en 2009, à la suite du passage au 16:9. Elle a donc 14 ans et elle fonctionne toujours très bien. Cependant, le taux de renouvellement d’un téléviseur en France est de 7 à 8 ans. Même si je suis un geek, féru de numérique (à titre informatif, 80 % des Français sont équipés d’un smartphone, 61 % d’un ordinateur et 56 % d’une tablette), je conserve longtemps mes appareils numériques et je ne matte jamais de vidéos en 4K en utilisant la 4G. Pour le poste numérique, je pense donc économiser facilement entre 200 et 300 kg de CO2 par an (par exemple, la fabrication d’un télé 55 pouces émet environ 800 kg de CO2, quasiment la même quantité que pour la fabrication d’un ordinateur), par rapport à un Français moyen, soit l’équivalent de près de 3.000 km en avion (100 kg de CO2 = 1.300 km parcouru en avion) !
Autre poste où j’économise beaucoup de CO2 : on est d’accord que le train ou la voiture électrique, c’est 0 gr de CO2 au kilomètre ? Cela est bien évidemment faux mais je vais, temporairement, utiliser ce dogme écologique, par pure malhonnêteté intellectuelle dont font souvent preuve les ayatollahs de l’écologie... Donc, comme je me chauffe avec des radiateurs électriques (dans une maison bien isolée où je ne me promène pas en T-shirt l’hiver mais en pull et gilet), je n’émets pas de CO2 pour ce poste alors qu’un chauffage au gaz (type de chauffage le plus plébiscité il y a 20 ans, lorsque nous avons fait le choix du chauffage électrique) émettrait au moins 2 tonnes de CO2, qu’il faut diviser en deux car nous partageons ce chauffage à deux ! J’économise donc, individuellement, l’équivalent en CO2 de 13.000 km en avion !
Et, mise à mort des ayatollahs de l’écologie (ne surtout pas prendre cela pour un appel au meurtre car je ne leur veux pas de mal, je veux juste qu’ils réfléchissent un peu, ce qui est peine perdue, je sais) : nous n’avons pas d’enfant ! Nous avons économisé des tonnes de couches, d’habits, de jouets, de nourriture en petits pots Gerbé (merci les Nuls), de trajets pour les amener aux anniversaires des copains, aux cours de danse, d’aqua-poney ou de rugby. Et là, on parle, par an, de 40 tonnes de CO2 économisés d’après une étude peut-être faussée (40 tonnes de CO2, c’est quand même énorme). Enfin, même si ce chiffre est largement surestimé, 4 tonnes de CO2 sont largement suffisantes pour couvrir les 41.000 km que j’ai parcourus en avion en 2022 (cependant, je n’ai parcouru que 6.000 km en avion en 2020 et 15.000 km en 2021, j’avais donc un gros avoir en CO2 que j’ai dépensé en 2022 ), sans même avoir besoin des économies en CO2 réalisées lors des trajets domicile-travail ou par le chauffage.
Bien évidemment, contrairement aux trajets domicile-travail ou au chauffage, pour d'autres sources d'émissions de CO2, je ne suis pas vraiment exemplaire, comme pour la nourriture par exemple (bien que je consomme en grande partie des produits locaux achetés à des producteurs locaux ou via des petits commerçants mais très rarement dans un supermarché approvisionné par une centrale d’achat localisée de l’autre côté de la France). Mais pour compenser, je suis exemplaire pour l’habillement par exemple (qui porte encore un pull acheté il y a 30 ans, et pas seulement pour traîner chez soi ? En moyenne, un Français achète 10 kg de textile et de chaussures par année et j’en suis très loin). Je pense légitimement qu’en termes d’émissions de CO2, je suis largement dans la moyenne française malgré mes vols en avion ! Les ayatollahs de l’écologie pourraient certainement me rétorquer que je n'ai aucun argument valable pour justifier mes vols en avion car ce n'est pas parce que je suis sobre d'un côté que cela me donne le droit de gaspiller de l'autre (mon côté sombre ), mais je ne considère pas cela comme du gaspillage, juste comme un traitement anti-dépressif longue durée (suite à une adolescence que nous dirons monastique, période où mes émissions de CO2 étaient très basses cela dit, comme celle de mon enfance), traitement à prendre au minimum tous les 6 mois .
PS : Les ayatollahs de l’écologie, et autres «jaloux», devraient appeler au boycott du foot professionnel, par exemple, ça serait très rentable pour la planète en termes d’émissions de de CO2 ou d’eau gaspillée pour arroser les pelouses des stades, régulièrement tondues avant d'être piétinées par 22 joueurs avec des crampons. Surtout les «jaloux», pensez-y bien, ça ferait des milliardaires en moins pour détruire la planète (c’est-à-dire les joueurs dont vous êtes fans). Mais, je ne sais pas pourquoi, cette idée ne devrait pas être populaire... Pourtant, j'ai plein d'autres idées, comme le boycott des teknivals et de tout autre gros événement musico-festif, c'est-à-dire des événements où l'on retrouve des tonnes de déchets plastiques après le départ des festivaliers...
Post-PS : J'ai parlé de boycott, pas d'interdiction, car les ayatollahs de l’écologie n'arrêtent pas de demander des interdictions en tous genres alors qu'il suffirait qu'ils arrivent à convaincre une grande partie de la population de ne plus voler ou de ne plus regarder de match de foot professionnel, pour que les compagnies aériennes cessent leur activité ou que les super-stars du foot ne volent plus en jet privé... Mais il faudrait convaincre une grande partie de la population, pas seulement leur communauté, et ça, ce n'est pas gagné d'avance !