Tout le monde il est beau, tout le monde il est gentil !

Article n° 56, publié le 15-Mars-2014, par Christophe.
Catégorie(s) : conseils aux voyageurs.

BD arnaque 1

BD arnaque 2

BD arnaque 3

Lors de nos voyages, nous avons souffert de quelques petites arnaques qui sont pourtant simples à éviter, faut-il juste en connaître le mode opératoire et s'en méfier. C'est pourquoi la lecture de forums ou de blogs de voyageurs peut être utile lors de la préparation d'un voyage pour reconnaître ces pièges. Mais il faut avouer que certains voyageurs en font tout un plat pour des petites arnaques pourtant totalement insignifiantes : leur honneur a été touché ! Il faut dire que j'associe souvent ce terme à «Honneur, Famille, Patrie !», les valeurs du pétainisme qui ne sont pas spécialement louables... C'est juste pour montrer que l'on peut faire dire ce que l'on veut au mot «honneur» ! Certains parlent même parfois de non-respect du «Touriste» avec un grand «T» ! Je ne savais pas que le touriste avait plus de droit que l'autochtone ? Les droits de l'Homme (avec un grand «H») ne s'appliquent pas qu'aux touristes occidentaux «fortunés», me semble-t-il ?

Pour être équitable et rester sur des valeurs facilement quantifiables (l'honneur, c'est difficile à quantifier, non ?), je juge la sévérité d'une arnaque en fonction du montant du «potentiel» préjudice financier subi, c'est-à-dire la somme perdue ou que nous aurions pu perdre, et cela sans prendre en compte le coup de la vie dans le pays où s'est déroulée l'arnaque (3 euros, ça reste 3 euros, même dans le pays où l'on peut se payer 10 sodas à la caféine avec ces 3 euros alors qu'on ne peut s'en payer qu'un, et encore, sur les Champs-Elysées à Paris). Pour ceux qui parlent d'honneur et de non-respect du «Touriste» avec un grand «T», je peux leur parler de morale. Est-ce moral de se plaindre d'une arnaque à 3 euros alors que l'arnaqueur gagne bien moins de 100 euros par mois et que l'arnaqué en gagne 10, 20 ou 30 fois plus ? Par contre, quand l'arnaque se monte à plus de 100 euros et que l'arnaqueur gagne 10 ou 20 fois plus que l'arnaqué, là, c'est de la grosse arnaque que l'on peut juger scandaleuse !

Donc, commençons par le «Time sharing», cette arnaque où nous aurions pu perdre une très grosse somme. C'était en Guadeloupe à Gosier en 1996 mais sachez, honorable lecteur qui a su conserver son attention jusqu'à cette ligne, que cela aurait près bien pu se passer sur une autre île ou même en Andorre : la technique est toujours la même, quel que soit l'endroit de la planète. Nous avons été abordés par deux jeunes métropolitains au profil d'étudiants. Ils se sont présentés comme faisant un sondage (bidon) pour le conseil régional mais ils nous ont aussi dit qu'ils travaillaient pour une entreprise privée qui proposait une loterie aux touristes ! Je tire au sort un papier mais il y est inscrit «perdu !» (j'ai certainement tiré le seul papier «perdu» du sac, histoire que leur loterie soit moins louche en cas de contrôle par les autorités). Les deux pseudos-étudiants sont alors forts désappointés, ce n'était pas prévu dans leur scénario ! Ils appliquent alors le plan B : ils font tirer Anne-Marie qui gagne un séjour d'une semaine. Il nous suffit pour retirer notre lot, de les suivre jusqu'à un hôtel. Il faisait mauvais (côté météo), nous avons coopéré. Pendant le trajet jusqu'à l'hôtel, il y a quand même un petit hic : nous ne nous connaissions, Anne-Marie et moi, que depuis 4 mois... Visiblement, il aurait fallu qu'on vive ensemble depuis quelques années, ce qu'un des pseudo-étudiants nous demande de répondre à l'hôtel. On nous fait alors visiter la résidence hôtelière puis on nous met entre les mains d'un vendeur qui commence par nous «expliquer» qu'on perd de l'argent en vacances et qu'il a le moyen de nous en faire gagner : «Oh, ça alors ! Je ne m'en étais pas rendu compte que je perdais de l'argent en vacances ! Mais fort heureusement, comme je vais signer cette offre providentielle, je vais dès aujourd'hui gagner de l'argent en vacances alors que si je ne signe pas, je continuerai de perdre bêtement de l'argent en vacances...». Cela tient du véritable bourrage de crane sans réel argumentaire ! Ils ont, soi-disant, des appartements partout sur la planète mais le vendeur ne sait pas où est l'Ile de Pâques qui est ma réponse à sa question : «quelle est votre destination de rêve ?». Mais il est certain qu'ils ont des appartements sur l'Ile de Pâques, même si un rictus sur son visage laisse clairement apparaitre qu'il se demande où est cette foutue île. Parfois, une cloche retentit dans le hall où officient les vendeurs (et tout le monde, vendeurs comme potentiels acheteurs, se met instinctivement applaudir ; à l'exception de nous, bien évidemment ;-)). Ca fait penser à certains restaurants où l'on fait sonner une cloche pour signaler que des plats sont près à être servis : «et deux pigeons déplumés pour la 4 !». Lorsque, dehors, le soleil se met à briller à nouveau, nous nous levons et nous quittons le hall. Le vendeur se met alors à nous suivre en nous insultant : nous sommes trop cons pour profiter de cette magnifique aubaine ! Se faire refiler une location d'un appartement meublé pour 99 ans dans je ne sais quelle résidence en dehors de l'union européenne, à un prix exorbitant, je n'appelle pas ça une aubaine mais bien une arnaque. Nous n'avons rien perdu dans cette histoire, si ce ne sont les deux heures de bourrage de crane, heures pendant lesquelles il pleuvait...

Second arnaque, en 1996 à «San Francisco» sur les quais touristiques : Anne-Marie aime se ramener un T-shirt souvenir lors de nos voyages. Nous entrons donc dans une boutique de T-shirts et la vendeuse, qui parle plus ou moins bien français (histoire d'amadouer le touriste), nous proposent une loterie (nous aurions du commencer à nous méfier) : une grande roue avec des chiffres : 0, 1, 2, 3 T-shirts offerts ! Anne-Marie fait tourner la roue et là, bingo : 4 T-shirts gagnés ! Par contre, nous avons juste gagné les T-shirts mais pas le transfert (la «déco» qui se fixe au T-shirt par transfert thermique). Bien évidemment, la vendeuse oublie de mentionner le prix des transferts qui n'est inscrit nulle part (ou presque, il y avait un vague et très discret morceau de carton avec les prix sous la caisse). Naïfs, nous pensons qu'il n'y en a que pour 4 ou 5 dollars par transfert, nous coopérons... La vendeuse insiste pour nous faire choisir des transferts argentés ou dorés (les plus chers, à 50 dollars l'unité). Heureusement, ces transferts sont très kitchs, voire horribles, nous n'en choisissons que des simples. Au final, au lieu d'acheter un seul t-shirt pour 20 dollars, nous avons une note de plus de 100 dollars ! Nous estimons avoir perdu 80 dollars dans cette arnaque qui s'apparente à de la vente forcée. Les T-shirts étaient de bonne qualité (le tissu) mais les transferts ne sont pas restés en forme bien longtemps (ils sont partis en petits lambeaux, donc au final, les T-shirt étaient immettables).

A noter qu'à «San Francisco», il y a aussi moyen de se faire avoir dans les magasins d'électronique de «China Town» où, d'après les affiches des vitrines, des réductions mirobolantes sont proposées aux acheteurs qui doivent obligatoirement demander les prix auprès des vendeurs car aucun prix n'est affiché dans les rayons. En 1999, j'ai voulu profiter d'une escale à «San Francisco» pour m'acheter un petit GPS de randonnée, tout simple. Avant le départ, je m'étais renseigné sur le prix de ces jouets, j'avais même pris avec moi les pages du catalogue de la chaîne de magasins les vendant en France. Dans le premier magasin où nous sommes entrés à «San Francisco», le vendeur me proposait les appareils que j'avais donc repérés mais à un prix beaucoup plus cher qu'en France (carrément beaucoup plus cher). Quand j'ai dis que c'était trop cher, un second vendeur s'est alors rapproché du premier pour lui dire de ne pas faire la vente car il s'était rendu compte que je connaissais les prix ! Finalement, j'ai acheté mon GPS dans un autre magasin de «China Town» qui me proposait un prix inférieur à ce que je pouvais trouver en France mais en fait, dans un magasin «standard» de randonnée à «San Francisco» (en dehors de «China Town»), magasin qui n'affichait aucune pancarte d'offre mirobolante, j'ai trouvé le même GPS, étiqueté un peu moins cher (quelques dollars seulement). Certes, il n'y a pas eu de vente forcée mais je considère quand même qu'il y a eu tromperie (quand on refuse la vente car on s'est rendu compte qu'on ne pouvait pas duper l'acheteur, c'est qu'il y a bien eu tentative de tromperie)...

Heureusement, il s'est passé quelques années avant la prochaine arnaque qui s'est déroulée au Sénégal, sur les rives du lac rose. Nous nous baladions à pied sur les rives de ce lac quand nous avons croisé un Sénégalais qui s'est mis à discuter fort aimablement avec nous. Après quelques minutes de discussion, il nous propose d'aller voir la boutique de son frère qui peignait des tableaux. Pourquoi pas ! Et là, comme nous avions posé des questions sur le lac et la vie au Sénégal et qu'il nous avait répondu, le Sénégalais nous dit que nous sommes obligés d'acheter des tableaux et qu'il y a même un supplément pour la discussion de 500 francs CFA ! D'autres hommes, assez costaux, se regroupent alors autour de nous, l'ambiance n'est plus du tout amicale, nous jugeons qu'il est préférable de perdre quelques euros pour l'achat de ces tableaux (et de cette discussion) que de continuer les transactions houleuses ! Leur argument : «Pour toi, qu'est-ce que c'est que 1.500 francs CFA ?» Finalement, beaucoup pour eux et pas grand-chose pour nous (un peu plus de deux euros), c'est vrai, mais le plus douloureux était de comprendre qu'on ne pouvait pas avoir une simple discussion avec quelqu'un rencontré au hasard sans qu'il y ait d'embrouille par derrière. En zone «toubab» (où vont la majorité des touristes), les arnaques jouent souvent sur la sympathie : «Tu ne m'achètes rien mais tu peux m'envoyer une carte postale de France ? Je t'ai mis mon adresse sur un papier ! Et tiens en cadeau, je te donne un bracelet ou deux. Et puisque que je t'ai donné un bracelet, tu peux m'acheter quelque chose ou me donner un euro ou deux pour les bracelets ?» Bref, c'est à qui sera le plus naïf ! A l'aéroport, nous avons vu des «toubabs» se faire avoir avec le coup des pièces de monnaie : les arnaqueurs arrivent avec une pile de pièces soi-disant en euros et demandent pour les échanger contre un billet ! Le toubab (qui a forcément les poches trop pleines de billets puisque qu'il accepte ce deal alors que les billets en euro sont nécessaires pour obtenir des francs CFA dans les bureaux de change) se retrouvent alors avec des pièces qui ne sont pas des euros ou sans le compte ! Heureusement, en dehors de la zone «toubab», les Sénégalais sont bien plus accueillants...

Passons maintenant à l'arnaque qui semble tant déshonorer les «Touristes» avec un grand «T» et leur fait perdre jusqu'à 3 euros, voire peut-être même 4 ;-). Il s'agit de «Tam Coc» au Viêt Nam. En 2007, nous avons visité ce lieu que les touristes appellent la baie d'Halong terrestre (alors que ce site est assez loin de la baie d'Halong). Pour visiter «Tam Coc», il faut remonter une rivière qui passe par endroits dans des grottes sous les pitons karstiques. Cela se fait en barque propulsée par deux rameuses (sans moteur bruyant, ce qui n'est pas plus mal). Au bout de la rivière, après quelques dizaines de minutes d'excursion, une dame qui vend sur une barque boissons fraîches et friandises, fait alors remarquer aux touristes que leurs rameuses sont complètement déshydratées et affamées, propos largement relayés par les rameuses qui sont, bien évidemment, totalement épuisées et ne peuvent plus ramer. On se sent donc obligé de leur payer une boisson et des petits gâteaux à un prix digne des Champs-Elysées. La seule vue des cannettes et des gâteaux suffit à redonner vigueur aux rameuses qui se remettent alors à ramer. D'accord, il y a fort à parier qu'elles ne consommeront pas les boissons, ni le paquet de friandises qui seront redonnés à la vendeuse qui le revendra à d'autres touristes... En plus, les rameuses demandent à la fin de l'excursion leur pourboire avec insistance mais il y a fort à parier que le prix payé pour l'excursion ne doit finir que dans les poches du propriétaire de la barque. Il faut donc voir le pourboire à la fin de l'excursion comme le salaire des rameuses (qui vendent aussi des broderies lors du trajet retour) et les boissons et les friandises comme leur pourboire. Certes, ce n'est pas une manière très honnête d'agir mais ce n'est pas bien méchant ! Pas la peine d'en faire tout un plat et de parler de l'honneur du «Touriste» avec un grand «T» ! Quant aux autres régions du Viêt Nam que nous avons visités, je n'ai aucune arnaque à déplorer : certes, les vendeuses dans les endroits touristiques ont des méthodes commerciales très usantes (si vous vous demandez encore pourquoi la première armée du monde a perdu la guerre au Viêt Nam, c'est que vous ne connaissez pas la ténacité des vendeuses vietnamiennes) mais ça se passe pratiquement toujours avec le sourire (les grands costaux du lac Rose au Sénégal m'ont fait plus peur que les petites Hmongs du nord Viêt Nam) et on s'en sort parfois avec un simple «Cám ơn» !

Je vais finir avec la Namibie et le voyage de 2012. Ce pays est l'un des plus sûrs d'Afrique. Le seul endroit où il peut y avoir quelques problèmes est Swakopmund, la seule grande ville touristique du pays. Aux croisements des rues de cette ville, le touriste se fait aborder par des personnes qui se présentent la manière suivante : «Bonjour, moi, c'est bidule ! Tu es d'où ? C'est quoi ton prénom ?» et si le tourisme répond à cette dernière question, son prénom se retrouve alors presque immédiatement gravé sur une noix de palmier afin que le touriste en question se sente obligé d'acheter la noix. C'est la technique de vente un peu forcée des graveurs de noix à Swakopmund. Cela dit, il suffit de dire au graveur qu'on a déjà une noix gravée (ce qui était vrai car nous en avions acheté une en 2002 où le graveur avait clairement proposé de la graver sans le faire dans notre dos ; ce n'était donc pas une arnaque) et ils n'essaient même pas d'en vendre une nouvelle (avec un autre prénom, par exemple). Tout se passe de manière très courtoise, donc sans réelle arnaque !

La plupart de ces arnaques jouent sur des gains mirobolants ou une sympathie subite, donc, sur la naïveté de l'arnaqué ! Pourtant, rien n'est gratuit sur Terre, personne ne va vous faire gagner providentiellement de l'argent, personne ne devient votre ami de 20 ans seulement 20 secondes après vous avoir croisé ! Si cela se produit, il faut se méfier de ce vieil ami de 20 secondes qui vous propose de gagner facilement des centaines d'euros. Nous avons eu la chance en 18 ans de voyage, de n'avoir subi que très peu d'arnaques car nous considérons que nous ne pouvons absolument pas faire confiance à une personne que nous ne connaissons pas. Toute personne nous aidant gratuitement est louche ! Certes, ça fait un peu caliméro, «tout le monde nous en veut», mais c'est comme ça. Puis, ça nous permet d'avoir très bonnes surprises comme ces mexicaines de Cancun qui nous ont aidés (gratuitement) pendant plus d'une heure à trouver notre hôtel (et oui, les bonnes âmes existent quand même ;-)). Et comme une bonne surprise est bien plus agréable qu'une mauvaise surprise, au retour du voyage, ça permet de positiver en ne gardant en souvenir que les bonnes rencontres !

PS : j'ai parlé d'arnaque mais pas de vol, c'est parce que nous n'avons jamais eu la malchance de nous faire dépouiller en voyage mais nous faisons aussi très attention, en particulier de ne rien laisser trainer de visible dans la voiture. Nous avons juste une fois eu un souci au Chili en 2001, à Viña del Mar : un paquebot de croisière américain mouillait au large de la ville, les pickpockets étaient de sortie. Nous avons repérer un mec qui nous suivait. On s'arrêtait devant une vitrine, il s'arrêtait aussi, on repartait, il nous suivait à nouveau. Pour nous en débarrasser, nous nous sommes mêlés à un groupe qui passait (ou il s'est enfin rendu compte que nous l'avions repéré). Nous avons juste eu peur, rien de plus...

Post-PS : tiens en parlant de Chili et d'arnaque, ça me fait penser qu'à «San Pedro de Atacama», il y a un mec qui vous fait payer pour attraper le torticolis en vous faisant pencher la tête en arrière pour regarder le ciel ;-). Donc, négociez bien le prix avant d'accepter cette proposition astronomique !

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