Lundi 16 avril : (suite)
Pendant la descente sur le chemin de terre, nous remarquons que les vendeuses attendent le client en triturant des fils à la main. Duong nous explique que c'est du lin et nous propose de rentrer dans une maison H'Mong où une dame attend devant. Celle-ci nous accompagne à l'intérieur de sa maison. Ce n'est pas une maison sur pilotis, mais de plein pied avec un sol en terre battue. Une seule pièce qui sert à tout, où trône sur le mur du fond des images de la Vierge (des catholiques). Dans un coin, est rangé un gros pilon pour moudre le riz (ou le maïs). C'est à ce moment là que la fille de la maison rentre de l'école. Nous lui offrons des stylos mais elle sort des sacs, des dessus de coussin brodés, joliment brodés, avec des fils de couleur indigo. La mère ou la grand-mère de la petite fille a d'ailleurs les doigts tout tâchés par la teinture. Nous demandons combien coûte un des sacs : 50.000 Dongs, deux pour 100.000 Dongs. La petite fille a le sens du commerce. Nous négocions un coussin à 30.000 Dongs, Duong nous dit que c'est important d'acheter de l'artisanat à bon prix, pour faire vivre les gens dans la vallée. Dix minutes après, nous croisons à nouveau la petite fille sur le chemin : celle-ci a eu le temps de descendre au fond de la vallée et elle est déjà en train de remonter avec une lourde charge sur le dos.
Nous traversons alors la rivière par un pont suspendu (gros modèle, pouvant supporter une voiture) et nous nous arrêtons pour manger dans le restaurant juste à côté du pont. Après le repas, nous traversons le village de Loa Chai, des vendeuses de souvenirs se sont organisées en petites boutiques, où sont exposées les broderies. L'une des boutiques a même installé un pilon à riz, pilon mû par l'eau descendant des rizières. Toutes les vendeuses attendent derrière leurs machines à coudre d'un âge certain. A la sortie du village, Anne-Marie qui, le matin même, se ventait d'avoir digéré le sorbet de la veille sans aucun séquelle, est prise de nausée. Heureusement, des toilettes sont toutes proches et après ce coup de chaud, ça va mieux (ça sera au tour de Christophe d'avoir de la fièvre durant la nuit, craignant même de ne pas pourvoir randonner le lendemain). Nous ne devions pas mettre ça sur le site internet, mais bon, ça pourra apprendre à d'autres voyageurs de se méfier des sorbets vendus par un marchand ambulant.
Peu de temps après, nous arrivons au village de Ta Van. Nous avons rejoint Trang qui est arrivé avec la voiture par la route. Nous laissons nos bagages dans la voiture et nous rejoignons le gîte à un petit kilomètre de là, au plein milieu des rizières, pas très loin de la rivière. Le gîte est financé par un programme de développement vietnamien et suédois, pour le tourisme solidaire. Le propriétaire, un Dzai, a fait une terrasse devant sa maison et nous prenons le thé dans un cadre fabuleux.
Nous interceptons Trang qui voulait aller chercher notre gros sac resté à la voiture. Mais cela n'est pas nécessaire, Christophe retourne avec lui jusqu'à la voiture pour ne sortir que quelques affaires du gros sac. Trang est quelqu'un de la ville car trois gros buffles bloquent le chemin. Ils semblent bien paisibles, Christophe passe à côté d'eux sans souci, mais Trang attend que les buffles quittent le chemin pour passer. Après avoir ouvert la voiture à Christophe, Trang rejoint le café tout proche pour profiter de la télé (c'est l'heure de son feuilleton).
En fin de journée, Duong entreprend de construire un cerf-volant : à partir d'un morceau de bambou, Duong taille des petites baguettes qu'il assemble à l'aide de fils de cuivre récupérés dans un morceau de fil électrique. Pour la voilure, il envoie le garçon de la famille acheter un poncho en plastique. Duong est très minutieux dans sa fabrication, il vérifie la longueur de chaque baguette. Ca donne un très joli cerf-volant qu'il a du mal à faire voler (en courant à travers les rizières) car en fin de soirée, le vent est pratiquement nul. Pendant, ce temps, la maîtresse de maison prépare le repas avec son mari qui plume le poulet. Pleins de plats sont en préparation. Elle passe les unes après les autres, les préparations dans un wok posé au dessus du feu.
Pendant que le repas se prépare et que Duong et Trang essayent de faire voler le cerf-volant, deux petites H'Mongs ont repéré des proies commerciales : nous ! 10 ans, mais aucun souci pour essayer de vendre leurs souvenirs en anglais ou français, et tenir une petite conversation dans cette langue. Comme nous ne voulions pas acheter et que nous avons un peu rendu leur discours commercial moins sérieux en les faisant rire, elles sont allées chercher du renfort : elles sont revenues, avec leurs mères ou tantes.