Jeudi 19 avril : La baie d'Halong

Nous quittons Tam Coc à 8 heures du matin et (après avoir doublé sur la route une vache vivante, ficelée à l'arrière d'une mobylette, la tête au raz du sol) nous sommes en vue d'Halong à 11h30 du matin, un peu trop tôt pour embarquer sur la jonque. Nous attendons quelques dizaines de minutes sur le port avant d'embarquer et d'attendre encore un peu, histoire de finir l'avitaillement. La baie est là, à quelques encablures, nous avons hâte de partir. Des centaines de personnes embarquent sur les différentes jonques, qui partent toutes à la même heure à la queue-leu-leu. Nous sommes installés sur une grande jonque pouvant recevoir environ 12 personnes mais nous ne sommes que nous deux (c'est pourtant une "petite" jonque) avec Duong et les quatre personnes de l'équipage, nous avons donc de la place pour faire des photos. Nous installons d'ailleurs le pied photo à poste sur le "sun deck" de la jonque.

Nous traversons la baie tout doucement avant d'atteindre les premiers pitons calcaires qui surgissent majestueusement des eaux verdâtres de la baie. Le spectacle est fascinant, émouvant, encore plus grandiose que Tam Coc. Mais c'est l'heure du repas et nous n'avons vraiment pas envie de nous enfermer dans la salle à manger de la jonque (qui est pourtant entièrement vitrée) et de rater ce moment exceptionnel. Du coup, nous posons nos appareils photo sur le divan derrière notre table et entre deux bouchées, nous ressortons à tour de rôle pour prendre des photos ou filmer un peu ce spectacle hallucinant. Nous voulons voir chaque piton, chaque anfractuosité du rocher. Duong nous dit que c'est la première fois que des clients se comportent de cette manière, mais il nous comprend. Le repas est pourtant excellent (crevettes, calamars en sauce, poulet, porc, des frites, etc... le tout arrosé avec une bouteille de vin de Dalat, très bonne ; c'était la seule bouteille locale, nous n'allions tout de même pas boire un mauvais Bordeaux à 13.000 km de la maison) mais nous sommes venus là avant tout pour voir la baie, pas pour manger !

Après deux heures de navigation et quelques centaines de photos, nous arrivons à la grotte des surprises : une immense grotte à l'intérieur d'un des pitons. Le débarquement est assez chaotique car les jonques se poussent entre elles pour arriver jusqu'au ponton, nous avons seulement quelques secondes pour sauter sur le quai. La grotte est assez impressionnante, composée de plusieurs salles où des stalagmites et stalactites sont éclairées par des projecteurs relativement discrets.

Après cette visite à la queue-leu-leu (c'est la journée), nous remontons en sampan sur la jonque qui nous mène quelques encablures plus loin, au pied de l'île de Titov (en hommage au cosmonaute russe). Cette île abrite un belvédère sur son sommet et l'une des rares plages de la baie (mais vu le nombre de jonques amassées autour de cette petite plage, et comme les toilettes de ces jonques qui finissent dans les eaux de la baie, la baignade ne nous fait vraiment pas envie). Duong nous attend sur la plage, il ne veut pas grimper les 400 marches qui mènent au sommet du piton. La vue y est magnifique, le soleil commence à se coucher et sa lumière légèrement jaune fait resplendir le paysage, éclairant les nombreuses jonques de touristes (sans voile lattée ou presque, nous ne ferrons pas LA photo qui va bien).

De retour sur la jonque, l'équipage remonte l'ancre pour s'éloigner de l'île de Titov. Celle-ci est jetée à nouveau quelques minutes plus tard. Comme toutes les jonques qui passent une nuit sur la baie, nous mouillons entre l'île de Titov et la grotte aux Surprises. Heureusement, nous mouillons un peu à l'écart des autres jonques. Nous attendons le coucher du soleil sur le "sun deck" et nous entendons un gros plouf : Duong vient de se jeter à l'eau ! Il dit que l'eau est bonne. Christophe est en plein dilemme : prendre un bain ou faire des photos du coucher du soleil ? Il se décide quand il s'aperçoit que le soleil va se coucher derrière l'un piton calcaire. La mise à l'eau peut se faire de deux manières : manière douce en descendant le long du mouillage ou en sautant directement à l'eau. C'est cette technique qui est finalement utilisée, car la technique douce semblait assez délicate à réaliser. L'eau est plutôt fraîche (24 °C, quand-même, mais comme nous n'arrêtions de courir sur la jonque pour faire des photos) et quand Anne-Marie revient de la cabine après avoir enfilée son maillot de bain, elle demande si elle peut y aller franco ? Réponse unanime : "oui, elle est bonne !" Elle saute donc directement. Si elle avait choisi la manière douce, elle n'y serait jamais allée ! Puis, après une période d'adaptation à ces 24 petits degrés, l'eau est finalement assez bonne. Nous luttons contre un léger courant mais en nageant, nous pouvons nous déplacer pour voir le soleil se coucher entre deux pitons calcaires. Le spectacle est exceptionnel, comme tout ce que nous avons vu au cours de cette journée ! Le soleil devient tout rouge, une énorme boule rougeoyante qui se glisse entre les deux rochers, avant de disparaître à l'horizon.