Lundi 7 octobre : (suite)
Le sentier longe alors une case où, quelques minutes après notre passage, un mec se met à gueuler. Nous ne cherchons pas à comprendre ce qu’il veut, certains réunionnais marchent déjà à la pile plate (petite bouteille plate de rhum) dès le réveil ! Le sentier monte ensuite doucement en direction du piton d’Anchaing, puis oblique un peu vers la droite où nous rencontrons alors quelques marches. Mais au virage suivant sur la gauche, la pente s’accentue très fortement avant les premiers lacets serpentant à flanc de falaise. Justement, avant le premier lacet, nous faisons une petite halte, ça fait déjà une heure et demi que nous marchons. Le chemin devient ensuite très étroit, avec la paroi de la falaise d’un côté et le vide de l’autre, vide heureusement caché par le bois de rempart, les fougères et les mousses. Parfois, le sentier n’est retenu que par les racines des arbres. Avec les pierres qui roulent, la boue, des filets l’eau qui s’écoulent doucement sur le rocher, par endroits, c’est très glissant. Heureusement, qu’il ne pleut pas (et que sécheresse sévit) sinon, le sentier serait vraiment très dangereux.
Après 2 heures et quart de marche, lorsque nous arrivons sur une portion où le sentier s’élargit, Anne-Marie craque ! Elle ne veut plus continuer car elle se demande comment elle va arriver à redescendre sans risquer de se faire mal. Elle préfère garder des forces pour la descente alors que nous sommes à 1.122 mètres d’altitude, il ne reste plus que 210 de dénivelé pour attendre le sommet, même si nous ne connaissons pas les difficultés que nous risquons de rencontrer par la suite. Arrive alors un homme qui redescend du piton : il n’y a qu’à lui demander ? Malheureusement, il ne parle pas français, ni même bien l’anglais. Sa réponse, assez évasive, est "no more difficult !". Cela veut-il dire qu’il n’y a plus de difficulté (ce qui est normalement la traduction exacte de cette phrase), ou cela veut-il dire que ce n’est pas plus difficile (ce qu’un français aurait pu traduire par la même phrase en anglais).
Christophe prend alors la décision de continuer seul, juste avec l’appareil photo et le GPS, sans prendre de sac. De toute façon, il fait soleil, il n’y a pas de risque à laisser Anne-Marie seule, ni à continuer seul. Christophe s’aperçoit alors rapidement qu’il n’y a plus de difficulté, au moins sur les deux grands lacets qui suivent. Seuls les 50 derniers mètres sont un peu difficiles, dont deux passages en particulier. Au premier, il faut s’aider avec les racines pour escaler un passage rocheux, et le second n’est difficile que pour les personnes ayant le vertige car il y a le vide de chaque côté du sentier qui ne fait que 50 centimètre de large (heureusement, le vide est caché par la végétation).
Christophe arrive alors au sommet du piton, c’est à dire un plateau à 1.300 mètres d’altitude, pratiquement plat à 30 mètres près (le plus haut point du sentier faisant le tour du plateau, situé vers Mare à Vielle Place, est à 1.333 mètres d’altitude au GPS). La végétation (dont des goyaviers qui ont été traités car cette plante, bien qu’ayant un fruit succulent, est une peste végétale) recouvre le plateau et empêche d’avoir une véritable vue 360 ° sur tout le cirque de Salazie. Mais en faisant le tour du plateau (un triangle presque isocèle de 100 mètres de côté), 5 points de vue permettent de jouir d’une vue remarquable sur tout le cirque. Le premier, tout proche du point d’accès au plateau, offre une superbe vue vers le Piton des neiges, Gros morne, le col des Bœufs et le Cimendef. Au deuxième point de vue (en tournant dans la sens inverse des aiguilles d’une montre), on a une vue extraordinaire sur Hell Bourg et le gîte de Bélouve. On arrive à voir où passe le sentier que nous avons fait hier. Christophe arrive ensuite sur une petite clairière, à l’est du piton, donnant sur l’entrée du cirque avec l’océan indien tout au fond. Le dernier point de vue se situe un peu plus loin, au niveau d’un tube métallique. De là, on surplombe Mare à Vielle Place et l’endroit où nous avons garé la voiture, tout en bas ! Après avoir fair le tour des points de vue au plus vite (en prenant quand-même le temps de faire des photos) et Christophe redescend, toujours au plus vite, pour retrouver Anne-Marie. Mais il lui faut quand-même 1 heure et 20 minutes pour faire l’aller-retour.