Jeudi 29 mai : (suite)

Autre petit bémol (mais quartier touristique oblige, ils sévissaient sur tous les trottoirs-terrasses des environs), les gitans qui sont venus gratter leurs guitares à 10 cm des oreilles de Christophe. L'un d'eux massacrait littéralement son instrument puisqu'il savait bien moins en jouer que Christophe, éternel débutant sans le moindre espoir de progression, qui arrive au moins à plaquer un accord (un seul, pas plus).

Nous profitons de la douceur de la nuit pour nous promener un peu autour de la cathédrale et la "Plaza Nueva". Nous tombons alors sur un paso tout doré, un char de procession déplacé à dos d'hommes, les costaleros. Pour être exact, ce n'est pas vraiment à dos d'homme mais à tête d'homme : chaque porteur est coiffé d'une étoffe qui forme un bourrelet en arrière de la tête. C'est sur ce bourrelet que reposent les traverses du char. Un autre homme, le capataz, les dirigent à la voix et à l'aide d'un heurtoir installé à l'avant du char. Après un arrêt, quand le capataz ordonne le départ, le char est comme projeté en l'air par les porteurs qui doivent certainement effectuer une sorte épaulé-jeté pour placer correctement les traverses derrière leurs têtes. D'autres porteurs accompagnent le convoi et Anne-Marie ne résiste pas à l'envie de leur demander combien ils soulèvent (par porteur) : environ 40 kg. Comme il y a 9 rangées de 5 porteurs, le char pèse donc 1 tonne 800 ! Nous les suivons un bon moment le long de la grande rue piétonne avant de rentrer au studio vers 10 heures et demie. Sacré journée : nos sommes réveillés depuis 4h15 du matin ! Nous avons le pressentiment que ces vacances vont être fatigantes...

Météo de la journée :
Chaud et beau ! Quelques petits nuages épars.

Vendredi 30 mai : El Real Alcázar

Nous avions prévu d'être à l'ouverture du "El Real Alcázar" à 9 heures et demie du matin mais nous ne nous sommes pas réveillés suffisamment tôt, si bien que nous ne sommes devant le guichet de l'Alcázar qu'à 10 heures du matin. Heureusement, il n'y a pas de trop de monde et nous achetons rapidement nos billets d'entrée. Pour comprendre ce que nous allons voir, Anne-Marie prend un audio-guide qui s'avérera un peu barbant. La visite commence, irrémédiablement, par la "Sala de la Justicia" et le "Patio del Yeso". C'est notre premier contact avec le style mudéjar (qui est le nom donné aux musulmans d'Espagne devenus sujets des royaumes chrétiens après le XIème siècle) avec ses arcs outrepassés typiques, ses plafonds en marqueterie et ses panneaux en stuc très finement et richement sculptés d'arabesques. Pas un centimètre-carré de l'arc entre "Sala de la Justicia" et le "Patio del Yeso" n'est pas sculpté. C'est surprenant mais c'est magnifique ! Et encore, ce n'est que le début car quand nous arrivons au "Patio de las Muñecas", ça dépasse largement ce que nous venons de voir. On dirait que la pierre (ou le stuc pour être exact) a été transformée en dentelles ! Les sculptures sont d'une finesse incroyable. C'est un peu chargé mais c'est tout de même magnifique et certainement ce qui a été réalisé de plus extraordinaire en Europe au bas moyen-âge.

La visite continue crescendo avec le "Salón de Embajadores" et son impressionnante coupole hémisphérique, toute en marqueterie. Pas un millimètre-carré des murs de cette grande salle n'est décoré d'un panneau de stuc ou d'azulejos (des carreaux de faïences) aux multiples couleurs. Les motifs géométriques s'enchaînent dans une harmonie incroyable. Nous n'avons jamais rien vu de comparable ! Il faut vraiment le voir pour se rendre compte de la beauté de ces lieux. C'est un peu difficile à expliquer mais en tous cas, ça ne nous laisse pas de marbre, ni de stuc . L'extérieur des bâtiments est généralement un peu austère mais à l'intérieur, c'est un véritable feu d'artifice visuel, on en prend plein les yeux ! Bien sûr, il faut inclure dans les intérieurs, les patios bien qu'ils soient ouverts. Le "Patio de las Doncellas", jouxtant le "Salón de Embajadores", est une pure merveille ! (Ridley Scott est d'ailleurs venu tourner des ces lieux avec Sigourney Weaver et un acteur russe connu pour ses frasques éthyliques).