Ca plane pour nous !

Article n° 40, publié le 4-Mai-2013, par Christophe.
Catégorie(s) : réflexions diverses.

BD avion 1

BD avion 2

BD avion 3

Là, j'ai décidé d'énerver carrément les écologistes «purs et durs» (qui peuvent donc se dépêcher de fermer leur ordinateur pour sauver la planète) car je vais parler du transport aérien qui a permis de démocratiser le voyage, permettant à beaucoup de touristes de voyager de l'autre côté de la planète (ou au moins de l'autre côté de l'Atlantique), même si cela a créé d'effroyables ghettos à touristes bétonnés dans toutes les zones du globe regroupant soleil et plage.

Premièrement, pour voyager de l'autre côté de la planète, il a fallu attendre des moyens de transport réputés fiables, donc attendre l'invention de la machine à vapeur et la révolution industrielle. Le voyageur devait alors posséder un portefeuille bien garni : l'équivalent de 38.000 euros (d'aujourd'hui) l'aller en première sur le Titanic en 1912 (iceberg compris, canot de sauvetage facultatif) ou 260 euros pour le fond de cale (et même à ce tarif-là, ce n'étaient pas des touristes mais des émigrants qui avaient vendu tous leurs biens pour payer la traversée).

De toute façon, en 1912, il n'y avait pas encore les congés payés, passons donc à 1936. Pour se rendre à «New York», par exemple, on pouvait prendre le paquebot Normandie qui faisait la traversée de l'Atlantique en 4 jours. Cela faisait donc un peu plus d'une semaine de voyage pour un aller-retour : sur 15 jours de congés, l'affaire n'était pas rentable (sans oublier que les salariés de l'époque ne pouvaient pas se payer le voyage par gros manque de pouvoir d'achat). Pour aller plus vite, il y avait le dirigeable Hidenberg : plus ou moins 60 heures de traversée (avec un programme explosif à l'arrivée) et environ 10.000 euros l'aller-retour, une paille ! Pour aller encore (un peu) plus vite, on pouvait aussi traverser l'Atlantique en Boeing B-314 Clipper, un des plus gros hydravions de l'époque (jusqu'à 68 passagers) faisant la traversée Biscarosse / «New York» en seulement 29 heures de vol... Bref, aucune solution pour démocratiser le voyage !

Après la seconde guerre mondiale, avec l'exploitation du Lockheed Super Constellation ou du Boeing B-307 Stratoliner, premiers avions à moteurs à explosion en étoile dont la cabine était pressurisée pour leur permettre de voler plus haut, la traversée de l'Atlantique ne se faisait plus qu'en 16 heures (avec une escale). Seul hic : moins d'une quarantaine de passagers prenaient place dans ces avions, le prix du billet était donc toujours hors de portée des bourses des salariés.

Avec le Boeing B707 dans les années 1960 avec ces quatre moteurs à réaction, transportant entre 150 et 200 passagers, la traversée Paris / «New York» ne se faisait plus qu'en seulement 8 heures (on n'a pas fait vraiment mieux depuis avec un avion de ligne standard). Le prix du billet d'avion n'était encore accessible qu'aux «jet-setters». Nos gendarmes français de cinéma, ceux de Saint-Tropez, sont allés contempler l'«Empire State Building» à «New York» en utilisant le paquebot France à l'aller, mais ils sont revenus en B707, le F-BHSB «Chateau de Chambord» d'Air France (et quelques années plus tard, quand j'avais une dizaine d'années, ce film m'a fait rêver d'aller voir, un jour, cette ville démesurée).

Le véritable déclic est arrivé avec le Boeing B747 dans les années 1970, l'avion mythique qui m'a fait traverser l'Atlantique pour la première fois en 1988 (pour les études, pas vraiment pour le tourisme). Cet avion pouvait (et peut toujours) transporter environ 400 passagers, les prix des billets d'avion ont alors amorcé une véritable dégringolade. Petite parenthèse avec le Concorde qui est rentré en exploitation à la même époque : 3h26 seulement pour rejoindre «New York» depuis Paris mais pour seulement 100 passagers (en 2000, le billet aller simple était dans les 30.000 francs, environ 4.600 euros, une paille).

C'est surtout avec l'arrivée des Boeing B777 ou Airbus A330 / A340 (ne transportant pourtant que 440 passagers dans les configurations les plus «sardines») dans les années 1990 que les billets sont arrivés à leur prix plancher : les billets d'avion long courrier ont baissé de 39 % entre 1985 et 2005. Cette baisse est principalement due à la concurrence entre les compagnies aériennes mais aussi grâce à une meilleure exploitation des avions rendue possible grâce à une avionique moderne facilitant la maintenance des appareils. Cette diminution du prix des billets a engendré une grosse augmentation du nombre de voyageurs autour du monde (même français, car le salaire moyen des Français a aussi augmenté dans cet intervalle de temps, le pouvoir d'achat en heures de vol a donc énormément augmenté ;-)).

Quid de l'évolution du prix des billets d'avion avec l'arrivée de l'Airbus A380 qui pourrait transporter jusqu'à 853 passagers ? Le prix des billets n'a pas baissé ! Déjà, nouveauté oblige, les compagnies profitent de l'effet de mode pour laisser les prix hauts, c'est parfois moins cher de voler dans un autre appareil que dans l'A380. Et quand cet effet de mode disparaîtra, les prix des billets ne risquent pas de diminuer car le prix des carburants augmente et va continuer d'augmenter. Donc, au mieux, les prix des billets vont stagner. Les tous nouveaux Boeing B787 ou les futurs Airbus A350 ne seront une bonne nouvelle que pour l'environnement : ils consommeront moins de carburant grâce à l'utilisation de matériaux plus légers mais cela ne devrait pas vraiment compenser l'augmentation du coût des carburants.

En conclusion, si vous comptez voyager un jour : c'est maintenant qu'il faut le faire, pas quand votre retraite arrivera, ou pas (à quel âge aura-t-on, peut-être, le droit de partir à la retraite en 2033 ? Il va y avoir au moins 4 élections présidentielles d'ici là, donc de multiples changements de politique dans n'importe quelle direction...). Oui, je sais, c'est la crise, le chômage augmente, chacun a peur de perdre son emploi et résultat, une grande partie des Français qui pourraient partir en voyage, préfèrent épargner comme des vrais hamsters. Mais il me semble que c'est avant tout une crise financière qui met donc le système bancaire en première ligne. Donc, soit vous attendez angoissé qu'un trader américain vous pique toute votre épargne, ou alors vous prenez un billet d'avion pour vous offrir le voyage dont vous rêvez et à votre retour, aucun trader ne pourra vous voler vos souvenirs ! Puis au moins, cet argent dépensé dans le billet d'avion fera travailler des personnes : pensez aux bagagistes, agents de nettoyage, mécaniciens aéronautiques, etc... Il en faut du monde pour opérer un vol, pas seulement deux ou trois pilotes et quelques hôtesses ou stewards...

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