L'autre théorie du troupeau de mouton !

Article n° 77, publié le 17-Janvier-2015, par Christophe.
Catégorie(s) : réflexions diverses.

BD la théorie du mouton 1

BD la théorie du mouton 2

BD la théorie du mouton 3

40 % des Français partent en vacances au mois d'août et pour la plupart, les deux premières semaines (pleines) d'août ! Malheureusement, Anglais, Néerlandais, Allemands ou encore Belges (etc...) choisissent aussi, pour beaucoup, de partir sur les plages de la côte méditerranéenne en Espagne ou en France (etc...). Entre mi-juillet et mi-août, presque tout le nord de l'Europe part s'agglutiner dans le sud de l'Europe où ça devient invivable. On comprend bien qu'une personne vivant le reste de l'année empilée les unes sur les autres dans une grande capitale européenne, comme Paris ou Londres, puisse trouver que ses conditions de vie s'améliorent en partant en vacances pendant cette période, mais pour les autres, quelles sont leurs motivations ? Voici donc 5 bonnes raisons de partir en voyage entre mi-juillet et mi-août :

1- Pour avoir son quota annuel de bouchons routiers : à cette période de l'année, la Côte d'Azur ou la «costa brava» sont quelques uns des meilleurs endroits sur Terre pour rester coincé des heures sur les routes !

2- Pour enrichir les actionnaires des compagnies aériennes : pour la même compagnie et pour évidemment les mêmes prestations (à bord ou au sol) et la même destination, les billets d'avions sont deux à trois fois plus chers (voire même plus) en juillet-août qu'en novembre... Ce constat est aussi valable pour les locations, les places de camping, etc... Alors, si j'ai le choix entre un bungalow dans un camping de 300 emplacements à Palavas-les-Flots, à 1.200 euros la semaine en août, et un grand appartement dans les Antilles Française à 300 euros la semaine avec un billet d'avion à 600 euros, en novembre, je choisis bien évidemment de louer, les deux premières semaines d'août, le bungalow à Palavas-la-Flotte, surtout si je suis célibataire sans enfant !

3- Pour camper une nuit entière dans un hall d'aérogare : plus il y a de vols à faire partir dans le même créneau horaire, plus l'impact du moindre imprévu (conditions météo, panne, etc...) est important. Le nombre de retards et d'annulations de vol est donc plus important durant cette période de grands départs ! Cette remarque est aussi valable avec le transport ferroviaire.

4- Pour jouir d'une météo particulièrement défavorable : en Europe de l'Est, en août, c'est carrément la saison des pluies, la période où il pleut le plus dans l'année. Sur la côte Atlantique Nord de l'Europe, la météo est beaucoup plus arrosée en août qu'en juin. Dans le sud de l'Europe ou en Afrique du nord, les températures sont par contre caniculaires. Sous le tropique du cancer, août marque le début de la saison cyclonique (cyclone ou typhon). Et dans l'hémisphère sud, c'est l'hiver ! Côté météo, août est le meilleur mois pour avoir une météo défavorable un peu partout sur la planète sauf sur la côte méditerranéenne de l'Europe...

5- Pour bêler avec le troupeau d'ovins ! C'est l'instinct grégaire qui ressort...

Précipitations Prague 2013

Précipitations Dublin 2013

Légalement, la loi indique une période du 1er mai au 31 octobre pour prendre les congés payés mais sans parler du mois d'août où pourtant la plupart des entreprises ferment. Cela vient certainement du début des congés payés en 1936. A l'époque, il n'y avait que le train, tracté par une locomotive à vapeur. Les billets d'avion (ou d'hydavion pour être exact) ou de Zeppelin étaient inabordables pour le salarié lambda. La loi a été donc rédigée pour garantir au salarié de profiter de 2 semaines de vacances pendant une période où la météo n'est pas trop défavorable dans l'hexagone, à une époque où le salarié ne pouvait guère partir en dehors du même hexagone. Sauf qu'aujourd'hui, à l'exception de la période des grandes vacances scolaires, il est possible d'acheter des billets d'avion à un prix raisonnable pour profiter de vacances au soleil, même en novembre et en restant en France !

Statistiquement, environ 3 Français sur 5 n'ont strictement aucune raison logique (c'est-à-dire en faisant abstraction des mœurs et des lois) de partir pendant les vacances scolaires ! Ces chiffres proviennent de l'Insee : il suffit de comptabiliser le nombre de célibataires sans enfant et le nombre de couples sans enfant. On imagine (c'est bien là le problème) que les couples avec enfant représentent une large majorité des Français vivant en couple mais ce n'est pas du tout le cas. Ils sont bien majoritaires, 52,6 %, mais en France, 47,4 % des couples en France n'ont pas d'enfant ! Ces chiffres ne donnent pas le revenu des couples avec et sans enfant mais un couple géniteur aura à nourrir, habiller et divertir un ou plusieurs enfants. Il aura donc logiquement beaucoup moins de moyens financiers qu'un couple sans enfant. Ce dernier pourrait donc plus facilement partir aux Antilles, en novembre, en sachant que, de toute façon, partir en vacances au cœur de l'été dans un camping surpeuplé de Palavas-les-Flots lui reviendrait bien plus cher (mais faut-il encore que le couple en question sache utiliser une calculatrice) !

Mais ce n'est pas pour ça que les lois ont évolué, ou vont le faire, car «il faut» continuer à protéger les salariés qui ont des enfants et qui ne peuvent se payer des billets d'avion pour toute la famille car ils doivent partir pendant les vacances scolaires. Car les enfants, c'est l'avenir (on ne sait pas quel avenir, mais c'est l'avenir qu'il soit bon ou mauvais), alors la loi protège les géniteurs, elle les chouchoute, même s'ils ne représentent pas la majorité des Français... Quant aux mœurs, c'est encore plus difficile car on a alors à faire à la mentalité de gamins : «c'est pas de ma faute, c'est l'autre qui part !» ou encore «Le premier qui ne partira pas en août aura une tapette !» (et c'est bien de cela qu'il s'agit...). Par exemple, des entreprises ferment parce que leurs clients ferment et ces derniers ferment parce que leurs fournisseurs ferment (mais tous se plaignent d'une baisse du chiffre d'affaire en août...). Bref, à n'importe quel niveau que ce soit (l'exemple des entreprises n'est qu'un cas concret, mais des retraités partent aussi pendant les vacances scolaires, par habitude), on part entre mi-juillet et mi-août parce que les autres partent pendant cette même période, c'est de la pure logique ovine, immuable !

Par contre, s'il y a bien une chose immuable depuis des siècles et qu'on ne peut changer, contrairement aux mœurs et aux lois : c'est le climat (d'accord, il change depuis quelques décennies, mais je reviendrai là-dessus) ! Par exemple, la saison cyclonique aux Antilles débute en août et finit en octobre. «Météorologiquement» (mais aussi financièrement), c'est stupide de partir aux Antilles en août alors que début novembre il n'y a presque plus de risque de voir ses vacances gâchées par un cyclone. Et qui plus est, avec le changement climatique et donc le réchauffement des eaux océaniques (celles de l'Atlantique, en l'occurrence), les cyclones risquent de se faire de plus en plus fréquents et de plus en plus forts, rendant donc des vacances aux Antilles de moins en moins raisonnables au mois d'août... Donc, si on veut donc partir en Guadeloupe, par exemple, pour profiter du soleil, de magnifiques fonds sous-marins et de location à un prix raisonnable, on ne peut pas le faire si on est obligé de partir pendant la période légale de prise des congés !

Pourtant, s'il y avait moins de départs pendant les grandes vacances scolaires, les locations sur la côte méditerranéenne, au prix scandaleux de 1.200 euros la semaine, baisseraient, ce qui ferait du pouvoir d'achat supplémentaire pour les familles coincées par le calendrier scolaire (sans créer de perte de revenus pour les loueurs, qui se gavent immodérément entre mi-juillet et la mi-août, puisqu'ils augmenteraient le tarif des autres semaines). Et ce pouvoir d'achat, ça devrait sous-entendre une consommation accrue ? Et si les entreprises pouvaient s'organiser pour ne pas fermer en août, elles pourraient éviter une baisse de chiffre d'affaire lors de ce mois fatidique ? Et surtout, le plus important, si on pouvait prendre ses vacances en novembre pour partir dans les Antilles Françaises (Martinique & Guadeloupe, préférence nationale oblige), le chiffre d'affaire du tourisme antillais augmenterait très sensiblement ainsi que celui des compagnies aériennes françaises qui desservent ces îles. Taratata, voilà bien une superbe mesure pour relancer économie française, ce qui est bien évidemment mon objectif principal (bien évidemment, je ne pense qu'à ça en me rasant le matin) ! Mais on peut toujours rêver : comme un troupeau de moutons qui ne se déplace qu'à la vitesse du plus lent (c'est la vraie théorie du mouton), l'Homme ne change de mentalité qu'à la vitesse des plus idiots du troupeau...

-- Accueil du blog --
-- Article précédent du blog --
-- Article suivant du blog --
-- Carnet de voyage --
© 2024 AMVDD.FR