Article n° 10, publié le 24-Décembre-2011, par Christophe.
Catégorie(s) : conseils aux voyageurs.
Aujourd'hui, cela doit largement être possible : 8 heures en avion pour rejoindre «New York» depuis Paris, approximativement la même chose pour rejoindre «Los Angeles», puis une douzaine d'heures pour Tokyo et hop, encore une douzaine d'heures pour revenir à Paris, soit grosso modo, 40 heures pour faire le tour de la planète sans compter les escales. Ce qui laisse donc environ 12 heures pour chaque escale, c'est faisable !
Bien évidemment, un tel voyage est totalement utopique, j'espère que personne ne l'a vraiment fait. Mais je dois avouer que les agences de voyage proposent des formules pas si éloignées de ça, par exemples :
1- Nouvelle-Calédonie en 10 jours : deux jours de voyage à l'aller (décalage horaire oblige) un jour à Nouméa, une journée d'excursion vers le nord de la grande terre, deux jours à Ouvéa et trois jours à l'île des Pins pour se reposer avant le voyage retour !
2- Combiné «Ile de la Réunion, Ile Maurice» en 7 jours : les vols sont de nuit, on ne loupe pas la première journée et la dernière journée. Après trois jours sur l'Ile de la Réunion, on passe à l'Ile Maurice pour les plages !
3- Séjour «plongée» de 7 jours en Thaïlande : à peine atterri après un vol de nuit, on sort de l'aéroport avec le masque sur le nez et on plonge une heure après !
Pas la peine de donner d'autres exemples de voyage pour «super jet-setter», super héro du voyage ! Pourquoi ces voyages ne nous conviennent pas ? Parce que la Nouvelle-Calédonie, c'est environ 10 heures de décalage horaire. On part l'après-midi de France, on atterrit au Japon ou en Corée le lendemain matin à l'aube avant de reprendre, en fin de matinée, un avion qui atterrit à minuit à Nouméa, dans un état lamentable parce que l'on n'a fait que somnoler dans les avions (je salue bien bas celui qui arrive à dormir profondément sur un siège de cabine économique, moi, je n'y arrive pas). Et le premier jour sur place, on passe alors sa journée à roupiller, comme le surlendemain. Cela fait quand même deux jours dans un état léthargique sur les 7 prévus sur place ! La suite, deux jours à Ouvéa : ça ne représente en fait qu'un jour et demi à Ouvéa car le reste du temps, on le passe grosso modo dans les transports ou à attendre dans une aérogare ! Et si en plus, il pleut la seule journée pleine prévue sur Ouvéa, ce n'est vraiment pas le top.
Pour la Réunion, pas de décalage horaire mais le vol atterrit à 6 heures du matin sans presque avoir dormi, donc on dort la journée qui suit, sans rien voir de l'Ile de la Réunion. Cette île, c'est à pied que l'on découvre ses paysages exceptionnels, en partant randonner à 6 heures du matin ! Inutile de dire qu'avec un combiné «Ile de la Réunion, Ile Maurice» en 7 jours, on ne voit rien de l'Ile de la Réunion. Ne parlons même pas du séjour «plongée» de 7 jours en Thaïlande : là, ça devient carrément dangereux de plonger aussitôt le pied (palmé) sorti de l'aéroport, sans avoir vraiment dormi.
Nous essayons d'adapter le temps du séjour en fonction du décalage horaire et du temps de vol pour rejoindre la destination. Pour la plupart de nos voyages, le billet d'avion représente plus de 50 % du budget du voyage. Rester une semaine de plus, ne coûte pas si cher quand on est en gîte (ou camping) et qu'on se fait soi-même à manger. Grosso modo, d'après notre ressenti, il faut au strict minimum rester une semaine aux Antilles. 10 jours, ça commence à être bien et deux semaines, c'est vraiment le top pour les Antilles. Idem pour l'Ile de la Réunion mais en trois semaines, on n'a vraiment pas le temps de s'y ennuyer. Pour l'ouest du continent américain, il faut au strict minimum y rester 2 semaines, comme pour le Viêt Nam ou la Nouvelle-Calédonie où 10 jours sont vraiment trop courts.
Généralement, nous trouvons que les programmes des tours opérateurs sont souvent trop chargés. Par exemple, certains voyages que nous avons faits en 15 jours, auraient pu être expédiés tambour battant en une semaine. Et que ce serait-il passé si le temps avait été mauvais ? Il aurait fallu continuer pour suivre le programme, sans avoir pu profiter, par exemple, du canyon de Chelly pour lequel nous avions fait 10.000 km pour le voir ! En prévoyant plus de temps par étape, nous nous donnons surtout la chance d'adapter le programme en fonction des conditions météo. Il y a le risque de s'ennuyer un peu, mais on peut alors faire une visite le matin et une le soir pour avoir une lumière différente pour les photos, ou visiter un endroit non prévu au programme ou simplement se reposer, à la plage par exemple !
En prenant son temps en voyage, ça permet aussi de s'imprégner de l'ambiance. On commence à ne plus être un simple touriste qui passe à la va-vite en prenant 3 photos à la volée. Par exemple, sur l'île de Terre-de-Haut de l'archipel des Saintes (au sud de la Guadeloupe), si on n'y reste qu'une demi-journée comme font la plupart des touristes (nous l'avons fait et nous le referons peut-être un jour), on ne voit rien de l'île ! On ramène une photo du pain de sucre, une des cases du village et basta ! La vie, la vraie vie, sur l'île ne commence qu'après le départ des bateaux le soir. Si on veut vraiment découvrir cette île, il faut rester au moins une ou deux nuits sur place. Nous y sommes restés plus d'une semaine et c'était vraiment bien, les habitants ont commencé à nous parler (presque) comme si on habitait le village : «alors untel, il lui est arrivé ci, tel autre a fait ça, c'est un Saintois qui a repris la rôtisserie», etc... Bien sûr, on ne connaît ni untel, ni tel autre, mais ce n'est pas grave.
En prenant son temps en voyage, on ramène des souvenirs inoubliables. Par exemple, à Marie-Galante, nous avons vu débarqué d'un bus une douzaine d'individus qui sont restés 10 minutes au bord de la route devant la plage, une très belle plage, avant de remonter dans le bus. Ils ont ramené 3 photos mais ne se rappelleront jamais des moments de plaisir à construire un château de sable sur cette plage, ils auront même oublié cette plage ! Autre exemple : nous sommes allés au Viêt Nam que nous n'avons visité qu'en partie, en prenant le temps. Nous n'avons donc pas «tout vu» mais nous avons des souvenirs mémorables de soirées à trinquer à l'alcool de riz avec nos hôtes (on logeait chez l'habitant).
Les souvenirs de voyage, ce sont surtout ceux que nous avons dans la tête, pas le sombrero mexicain que l'on aura acheté à l'aéroport de Cancun ou la girafe en bois sur un marché africain. Les photos ne sont pas vraiment des souvenirs mais elles nous permettent de nous souvenir des lieux, des endroits où nous sommes passés et par ce biais de l'alcool de riz de nos hôtes de «Ta Van», de l'ouzo des marins grecs à Schinoussa (là, nous passons vraiment pour des alcooliques), du majestueux vol des raies manta d'Ouvéa ou encore, de l'embourbement au Chili à 4.000 m d'altitude et du couple d'Amérindiens qui nous ont secourus. Et ces souvenirs-là, c'est vraiment l'essence qui nous fait carburer au super !
En conclusion, bien sûr, chacun a des impératifs ! On ne peut pas tous partir 15 jours en Guadeloupe ou 4 semaines en Afrique Australe. Mais choisissez une destination adaptée au temps que vous avez et un programme adéquat pour vous faire plaisir, il n'y a que ça qui compte ! Si c'est juste pour «faire un pays» et avoir le tampon sur votre passeport, ce n'est pas la peine de voyager, je peux scanner le mien. (D'ailleurs, je n'aime pas l'expression «faire un pays», comme par exemple «vous avez fait le Viêt Nam ?» Bien sûr, Ho Chi Minh, c'est moi, j'ai conduit la révolution, j'ai écrit la constitution, etc...).Par contre, si vous faire plaisir, c'est enfoncer vos collègues à votre retour de voyage avec le tampon mexicain sur votre passeport et un sombrero sur la tête, allez voir un psy !
PS : Quand je reviens de voyage, je dois certainement être chiant pour mes collègues mais c'est parce que j'ai envie qu'ils partent à leur tour (c'est d'ailleurs le but du site). Ou c'est peut-être ce que je me dis pour me donner bonne conscience et pour ne pas aller voir le psy .