Article n° 18, publié le 10-Mars-2012, par Christophe, sur une idée d'Anne-Marie.
Catégorie(s) : réflexions diverses.
Lors de notre voyage de noce, aux USA en 1996, nous avons envoyés beaucoup de cartes postales car le voyage était notre cadeau de mariage et c'était un moyen de remercier ceux qui nous l'avait offert. Nous avons donc continué sur cette lancée, mais franchement, ça devenait une corvée, d'autant plus que nous n'étions pas certains que cela faisait plaisir à un grand nombre de nos correspondants de recevoir une carte postale... Comme notre motivation n'était pas de faire baver nos correspondants, le mieux était de ne pas en envoyer à ceux qui risquaient de comprendre de travers (je ne crois pas me méprendre en pensant que certains en recevant notre carte postale trouvait cela «déplacé»).
Puis, il y a eu le voyage à Madagascar où trouver une carte postale relève de l'exploit. Nous en avons pourtant trouvées et nous en avons achetées avec les timbres pour les expédier. Ce n'est qu'après cet achat que nous nous sommes rendu compte que nous avions dépensé en cartes postes et timbres bien plus que le salaire d'une journée, ou peut-être même de la semaine, de l'employé de la poste auprès duquel nous les avions achetées ! C'était donc indécent puisque ces cartes postales et leurs timbres n'ont pas spécialement fait tourner l'économie locale. Depuis, nous n'en envoyons plus qu'à la famille proche et certains amis triés sur le volet (et les collègues de travail qui la réclament), ce qui permet de n'écrire qu'à ceux que ça fait plaisir et de ne pas acheter trop de cartes postales imprimées en Chine...
En plus, majoritairement, les cartes postales ne sont pas vraiment des merveilles de l'art photographique. Pour s'amuser, voici le «worst of» :
1- Le coucher de soleil sur la mer : la carte postale que l'on retrouve dans les stations balnéaires du monde entier, même celles d'où l'on ne peut pas voir le soleil se coucher car situées à l'est d'un continent. Souvent, la carte postale est divisée en deux parties strictement délimitées par un horizon rectiligne : un ciel orangé avec le soleil couchant sur la partie haute, une mer, elle-aussi orangée mais un peu plus sombre, sur la partie basse. Dans un coin de la photo, le nom de la cité balnéaire. De Dunkerque à Biarritz et de Cerbère à Menton, c'est exactement la même photo, il n'y a que le nom qui diffère ! En Espagne, on trouve aussi la même, avec la silhouette en contre-jour d'une danseuse de flamenco. Au Maroc ou aux Antilles, un palmier apparaît dans la composition. A mon avis, il suffirait d'éditer une seule carte postale où figure une zone à compléter à la main «Bons bisous de ...................» et de la vendre avec un feutre doré ou argenté : l'acheteur n'a plus qu'à la compléter avec le nom de la station balnéaire !
2- Une pure merveille : les trois petits chatons dans un panier en osier et une petite phrase humoristique rappelant que l'expéditeur de la carte postale est en vacances. Succès commercial assuré ! Ca marche aussi avec un cheval, une vache laitière, des canetons, un dauphin ou un dromadaire...
3- La recette de cuisine : partie gauche, la photo du plat en question et partie droite, la liste des ingrédients pour préparer le plat ! Ca marche à tous les coups. Une variante existe avec les cocktails à base d'alcool local. Le seul défaut, c'est que le concept est difficilement exportable : une carte postale de mojito en Arabie Saoudite, ça risque d'être un peu difficile à commercialiser.
4- Les filles dénudées : ça marche pour toutes les stations balnéaires (ou autres) ! Une paire de fesses ou de seins et c'est le chiffre d'affaire de l'éditeur qui décolle telle une fusée après son érection (sans aucun de jeu de mot, les fusées sont érigées sur leur pas de tir et on parle bien d'érection... je ne parlais pas de l'éditeur). Le top du top, c'est quand même de rajouter un bon slogan bien beauf, du genre : «Les vacances, c'est au poil !» (ça ne marche plus trop avec l'épilation intégrale, sauf chez les plus de 60 ans).
5- La photo de la faune sous-marine : généralement, il s'agit de photomontage puisqu'il est difficile de croiser en même temps sous l'eau une daurade et un brochet... Et il y a fort à parier que la ou les photos proviennent d'une banque d'images prises un peu partout dans le monde, car, jusqu'à preuve du contraire, le poisson-clown se rencontre très peu dans la mer des Caraïbes alors qu'il est facile de trouver des cartes postales représentant des poissons-clowns aux Antilles. Mais le poisson-clown est une valeur sûre, autant que le chaton (les gens réagissent instinctivement en voyant ce poisson : Némo, le petit poisson-clown de Disney). On peut noter au passage que le poulpe n'aura du succès que dans la catégorie «recette de cuisine».
6- Le carte «kaléidoscope» : sur un fond de couleur chatoyante, voire multicolore, coller des petites photos de points de vue divers et avariés de la région touristique en question (on retrouve alors le coucher de soleil dans l'une des photos). La touche finale : au-dessus des vignettes, le nom de la région dans une couleur très flashy qui nous laisse imaginer que le concepteur de la carte postale était daltonien !
7- Formes diverses et avariées : reprendre l'un des concepts précédents de carte postale mais au lieu de se contenter du strict format rectangulaire, adopter une forme de cœur avec un slogan «J'aime telle ville ou telle région». Je n'ai pas encore vu de carte postale au format «tong» mais ça doit bien exister. On peut aussi découper certaines parties à l'intérieur de la carte postale pour un effet des plus surprenants !
8- Le dessin humoristique : je ne suis pas certain qu'un éditeur fasse fortune avec mes dessins mais il est évident qu'en remplaçant mon humour assez «décalé» par un humour beaucoup plus «simple», il est possible de faire fortune.
9- La tenue folklorique : alors que les habits sont massivement fabriqués en Chine pour le reste de la planète, il est toujours possible de trouver des cartes postales représentant des hommes ou des femmes en habits folkloriques, comme si ces habits étaient encore couramment portés...
10- La carte postale classique représentant une attraction touristique ou un paysage intéressant de la région, mais avec une photo extrêmement moche, mal cadrée ou/et avec des couleurs surnaturelles rappelant les coloriages de Méliès. J'ai vraiment l'impression que plus le paysage censé être représenté sur la carte postale est joli, plus la photo est ratée ! L'Ile de la Réunion concentre des paysages des plus spectaculaires au monde, mais certaines cartes postales vendues dans les magasins réunionnais semblent être les pires que je n'ai jamais vues !
En conclusion, de toute façon, ce n'est pas la peine de chercher un belle carte postale, car alors sa chance d'arriver à destination est nulle... Puis, c'est tellement amusant ces cartes postales nulles !