Article n° 25, publié le 15-Août-2012, par Christophe.
Catégorie(s) : réflexions diverses.
1984, George Orwell, Big Brother, ça vous dis quelque chose ? Moi, c'était au programme de français au lycée et c'était très intéressant ! Il faut avouer que, même avec quelques années de retard, on n'en est plus si loin : les grands écrans munis d'une caméra, ça existe ! On appelle ça une «smart TV». Bien sûr, il ne devrait pas y avoir d'état policier pour surveiller le moindre de nos agissements via cette télévision connectée mais pourquoi pas un état «commercial» ?
Toutes les grandes marques commerciales cherchent à recueillir le maximum d'informations sur leurs consommateurs, leurs habitudes, leurs goûts, pour les abreuver en retour d'un tas de publicités ciblées. Et franchement, le moyen le plus sûr pour y parvenir, c'est grâce à l'informatique «connectée» qui s'implante partout : la télé, le frigidaire ou le WC (ah ? Pas encore ! Mais vu les automatismes que les Japonais installent dans leurs WC, ça ne devrait pas tarder ; imaginez, vous êtes constipez et vous recevez automatiquement des publicités pour un médicament facilitant le transit intestinal).
Mais le plus simple pour arriver à cette finalité, c'est de mettre un ordinateur dans les mains des gens 24 h / 24 h : qui n'a pas de smartphone ? Ces engins ont plus de puissance de calcul que les ordinateurs (personnels) des années 90 ! En plus, grâce au réseau de téléphonie mobile (voire Wifi) et aux puces GPS de ces mobiles, chaque propriétaire de smartphone est pisté à la vingtaine de centimètres près. Vous allez régulièrement dans tel magasin : intéressant ! Les publicités qui seront affichés sur les pages internet que vous consultez, vous inciteront à acheter dans ce magasin ou celui du concurrent direct. Les états s'insurgent, c'est une atteinte à la vie privée ! Que nenni répondent les «opérateurs». Oui, ils ont besoin de localiser votre smartphone pour le connecter via le bon relais, ils peuvent alors mémoriser sa position... Alors, pourquoi ne pas utiliser cette information pour offrir d'autres services, toujours très utiles, parfois à l'utilisateur mais souvent à un annonceur ?
Pire encore : pour arriver à vendre le dernier smartphone (ou autres), celui qui rend caduque, dès l'annonce de sa sortie, la version précédente qui ne date même pas d'un an (et qui aura donc les toutes dernières nouveautés en matière de traçage de l'utilisateur), ce système pernicieux s'appuie sur un sentiment pourtant louable : l'amitié ! Et oui, les réseaux sociaux participent pleinement à la mise en place de ce système : pour rester «connecté» avec ses «amis» (pourtant virtuels dans 90 % des cas), 24 heures sur 24, où que l'on soit, il faut absolument avoir l'abonnement internet mobile «3G» illimité avec le dernier smartphone ou la dernière tablette munie d'une puce GPS, d'une caméra HD et, bien évidemment, de la fonction export automatique des photos sur les sites des réseaux sociaux. Si vous ne l'avez pas, vous ne faites pas parti du groupe «connecté» et vous êtes donc un marginal. En résumé, soit vous achetez, soit vous êtes méprisé !
Alors, si je dis que je n'ai pas de smartphone (et oui, je n'en ai pas) car je n'en ai strictement rien à foutre de savoir, en temps réel, qu'un de mes «copains» est en train de boire une «tequila sunrise» au dernier bar branché à l'autre bout de la ville, je risque d'en choquer beaucoup ! Et pourtant, c'est en épargnant le prix monstrueux d'un abonnement pour smartphone (et du smartphone lui-même, qu'il «faudrait» changer tous les ans) que j'ai pu, par exemple, me payer en partie le voyage au Yucatan et la «tequila sunrise» après les visites. Dans 10 ans, tout le monde aura oublié la «tequila sunrise» bue au bar branché alors que j'espère toujours bien me rappeler de l'impressionnante épaisseur de la pierre du tombeau de Palenque, ce qui me semble plus important. Et pourtant, voilà bien le problème : parce que je donne toute la priorité aux voyages, je me retrouve comme un marginal ! Heureusement, ça ne m'empêche pas de dormir car j'aime bien jouer à la brebis galeuse, celle qui ne suit pas le mouvement du troupeau de moutons. Je me sens souvent l'âme d'un Archibald Tuttle (il ne s'agit pas de 1984 mais de Brazil, le film de Terry Gilliam où les employés de bureaux ont des écrans d'ordinateur minuscules mais équipés d'une énorme loupe, genre d'équipement qu'on risque de bientôt voir pour smartphone). Et j'ai quand même des amis (moins d'une cinquantaine, je sais, ça fait «has been»...) mais surtout des «vrais» (et certains doivent être aussi des marginaux car ils n'ont même pas de compte sur les réseaux sociaux).
J'ai donc en guise de conclusion, juste un petit message à faire passer : éteignez donc votre smartphone, le temps de lire 1984 de George Orwell sur un bouquin en papier (je crois qu'il est bon de le préciser). Vous devriez le trouver dans n'importe quelle bibliothèque... Non, ce n'est pas l'application dont l'icône à une forme d'étagère mais un bâtiment où l'on peut emprunter des livres, le plus souvent gratuitement et en toute légalité (emprunter gratuitement un livre dans une bibliothèque, voilà bien une idée de révolutionnaire, non ?).
PS-1 : Au fait, pourquoi les smartphones me gênent tant si je ne suis pas (encore) obligé d'en acheter ? Parce que les caméras de smartphone sont peut-être HD (au passage quelqu'un peut m'expliquer l'intérêt de la HD pour regarder une vidéo sur un minuscule écran de 12 cm de diagonale ?) mais sont surtout des générateurs de pixels flous (sauf si on regarde le résultat sur un écran de 12 cm de diagonale ; mais la HD consomme plus de bande passante, on crée donc artificiellement le besoin d'abonnements téléphoniques plus chers, CQFD). Et pour avoir du «bon» matériel photo, il faut passer à une gamme professionnelle (donc beaucoup, beaucoup plus cher) ou se «contenter» d'un appareil photo qui va faire aussi caméra vidéo, GPS, et autres fonctionnalités pas nécessairement utiles, mais qui produira des photos de moins bonne qualité que les générations précédentes. Mais puisque les gens se contentent de photos de smartphone avec des objectifs taillés dans des culs de bouteilles (et dire qu'il y a même des applications pour rendre les photos encore plus merdiques, pire que celles des jetables «argentiques» d'il y a 20 ans), la qualité de la photo ne devient plus un argument commercial, seules comptent les fonctions annexes.
PS-2 : Au fait, on voit de plus en plus de gens faire des photos avec des i-pads tenus à bout de bras. Et pour éviter d'avoir la lumière du soleil se refléter dans le «grand» écran de l'i-pad, ces personnes mettent le soleil devant eux et font une photo à contre-jour... Heureusement, comme dirait Forrest Gump, n'est stupide que la stupidité !
PS-3 : Oui, j'ai du mal à finir le post. C'est juste pour faire remarquer que les réseaux sociaux pensent aussi aux voyageurs ! Il n'y a qu'à regarder les pubs affichées sur la droite de votre page Facebook (ou autre, je suppose que c'est pareil ; et oui, j'ai une compte Facebook où en plus, je vais poster un lien vers cet article) si avez déclaré «voyage» dans vos points d'intérêt. Par contre, le «produit» est toujours vendu avec la même photo : une jeune fille plantureuse en bikini au bord d'une piscine à débordement d'un hôtel 5 étoiles ! Si les voyages se résumaient à ça, c'est certain que j'irai élever des chèvres dans le Larzac (non, pas «Rhaaaa, Lovely !» comme dirait Goltlib , excellente BD que l'on doit pouvoir emprunter dans une bibliothèque ou acheter dans une librairie).