Fashion victim !

Article n° 42, publié le 22-Juin-2013, par Christophe.
Catégorie(s) : réflexions diverses.

BD fashion victim 1

BD fashion victim 2

BD fashion victim 3

Les vacances scolaires sont arrivées, le coffre de la voiture est rempli à ras bord, c'est le départ pour la mer, la montagne ou n'importe où en France ou en Navarre. Mais avant qu'arrive ce jour tant espéré, il semblerait que l'on soit obligé de courir les boutiques pour acheter le dernier maillot de bain «tendance», la combinaison de ski du même style ou le GPS de randonnée, la montre-altimètre, l'anémomètre et je ne sais encore quel gadget fort cher... Mais cela est-il vraiment nécessaire ?

Premier exemple : été 2012, reportage sur la randonnée qui redevient «tendance» car cette activité est maintenant beaucoup plus pratique avec les nouveaux habits techniques et surtout beaucoup plus ludique avec le GPS. Je croyais rêver ! D'accord, je ne vais pas jeter la pierre trop fort sur le journaliste qui a pondu ce reportage car je me suis acheté un GPS de randonnée il y a quelques années, mais la randonnée est l'activité la moins cher que je connaisse (à part la méditation transcendantale que nous ne pratiquons pas). Elle est ouverte à tous ceux qui tiennent debout sur leurs jambes, c'est le loisir le plus démocratique qu'il soit. Certes, il faut avoir une bonne paire de chaussures de marche, ce n'est pas ce qu'il y a de plus bon marché mais elles peuvent être utilisées plusieurs années et le prix d'utilisation à l'année ne doit, au final, même pas dépasser le prix de trois ou quatre paquets de clops ! Au passage, une paire à 100 euros qui tiendra 5 ans est meilleur marché que 2 paires de chaussures à 50 euros qui ne tiendront que deux ans (je dis ça comme ça car il me semble que ce ne soit pas évident pour tout le monde). Ensuite, Il faut un sac à dos suffisamment grand pour permettre d'emporter de la nourriture, de l'eau et des habits pour se protéger du froid et de la pluie. Là aussi, le sac à dos peut servir plusieurs années. Et enfin, il faut une carte (important si on ne connaît pas l'itinéraire) et une boussole (bien que, je ne l'utilise pratiquement jamais) mais ce n'est pas ce qui coûte le plus cher. Les habits techniques ? Un pantalon de toile et un T-shirt en coton suffisent ! On va puer la sueur après le premier kilomètre ? Oui, mais au grand air, ça dérange qui ? Avec le T-shirt mouillé, on risque d'avoir froid quand on s'arrête ? Oui, mais il n'y a qu'à prévoir un second T-shirt dans le sac à dos ou enfiler le pull que l'on a aussi pris soin de glisser dans le sac à dos. Le GPS ? Complètement inutile tant qu'on suit un sentier de grande randonnée, un GR : il y a des marques tous les 50 à 100 mètres, encore plus précis que le GPS. Au fait, quand je parle de «marque» sur un sentier de randonnées, ce sont des marques de peintures faites sur les rochers ou les arbres, pas de marques commerciales... Ce qui me choquait surtout dans le reportage, c'est qu'il me semblait que le but de la randonnée, pour le journaliste, était de suivre les indications du GPS en lycra moulant mais pas d'aller admirer un magnifique paysage ou d'observer quelques marmottes.

Petit aparté : n'allez pas la veille vous équiper dans un magasin de sport avant d'entreprendre le lendemain la traversée de la Corse sur le GR20. Ne riez pas, j'ai croisé une fois, trois «déguisés» tout vêtus, de la tête aux pieds, de matériel neuf tout droit sorti des magasins «très en forme» (les semelles des chaussures n'étaient même pas égratignées) qui attendaient à Orly d'embarquer dans un avion pour Corse. C'était l'année de la sortie du film «Les randonneurs» : il avait donné des idées à certains mais ils auraient dû avoir l'idée d'éprouver leur matériel (surtout les chaussures) sur des sentiers moins difficiles avant de se lancer dans une telle expédition.

Second exemple : hiver 2012/2013, reportage sur la mode dans les stations de ski. D'après le journaliste, il faut changer de combinaison de ski tous les ans, sous peine d'être un ringard ! Et là, mes yeux sont sortis de leurs orbites : 1.500 euros la super combinaison de ski, super-technique, et bien évidemment, à changer tous les ans ! On se croit où là ? Pour ce prix là, j'achète tout mon matériel de plongée sous-marine, bouteille comprise, avec des articles de qualité qui vont me durer bien plus de 10 ans, voire peut-être même 15 ans. Bien sûr, dans le domaine de la plongée, il y en a qui vont changer de matériel tous les ans, parce que la nouvelle paire de palmes «pro-évolution-HD²-3000-premium» va leur faire gagner 0.001 km/h en vitesse de palmage, mais c'est très loin d'être une généralité parmi les plongeurs. Je me doute bien que la majorité des Français (par définition, un peu plus de la moitié des Français) ne vont pas se payer cette combinaison de ski à 1.500 euros tous les ans, mais je me pose quand même des questions : ne vont-il pas le faire quand même pour leurs enfants et/ou seulement tous les deux ou trois ans ? De toute façon, il n'y a que deux réponses possibles à cette question : soit certains dépensent réellement beaucoup pour partir au ski, soit le journaliste était complètement stupide ! Mais, heureusement pour le journaliste, je pense qu'il ne l'était pas...

Troisième et dernier exemple tout simple : le maillot de bain pour la plage ! Grosso modo, un article de quelques centimètres-carrés de tissus, porté au mieux trois semaines dans l'année et qui coûte relativement fort cher ! Zut, je me suis trompé, il n'est pas porté «trois semaines à l'année», mais «seulement trois semaines» en tout et pour tout, dans le meilleur des cas, avant de finir au placard ! C'est certain qu'en agissant comme ça, on peut penser que les vacances coûtent très cher et donc qu'un voyage coûte les yeux de la tête. Mais franchement, entre pouvoir se payer un ou deux jours supplémentaires aux Antilles, ou changer de maillot de bain tous les ans, le choix est vite fait ! Et pourtant, c'est réellement ça : le prix d'un maillot de bain «tendance», même fabriqué en Chine, c'est l'équivalent du prix d'une ou deux journées supplémentaires aux Antilles, bien sûr, pas dans un hôtel «All Inclusive» mais dans un gîte tout simple, propre et fonctionnel. Et le maillot de bain, ce n'est que la partie immergée de l'iceberg des vacances sur le littoral français : il y a aussi le tour en jet-ski ou accroché sur une banane flottante, la journée passée au parc d'attraction aquatique avec piscine à vagues et toboggans de 20 mètres de haut et je ne sais quoi encore, je n'ai pas autant d'imagination que les professionnels du tourisme qui inventent des tas d'activités très lucratives pour eux.

Après, on peut se plaindre du pouvoir d'achat et pleurer de ne plus pouvoir partir en vacances ! Certes, le prix des loyers a explosé ces dernières années, ce qui a sérieusement imputé le pouvoir d'achat des Français mais pour le reste, il semble que les salaires ont plus ou moins suivi l'augmentation du coût de la vie : si on compare le prix d'un kilo de pain, exprimé en minutes de travail pour un salarié au SMIC, il est moins cher aujourd'hui qu'il y a dix ans ! Oh, pas de beaucoup mais moins cher tout de même. C'est aussi le cas pour d'autres biens de consommation (on retrouve facilement ces chiffres sur internet). Le problème, c'est qu'aujourd'hui, il «faut» absolument la dernière combinaison de ski, la dernière paire de skis paraboliques ou de patinettes, la station avec 30 pistes, snowpark et remontées mécaniques où l'on ne fait pas la queue, avoir le plan de la station avec la géo-localisation sur smartphone, donc avoir accès au réseau 3G partout sur la station, et je ne sais quoi encore... Mais tout ça, ce sont des services en plus qu'il faut payer, en plus ! Statistiquement, à périmètre identique, les vacances ne coûtent pas plus cher qu'il y a dix ans, elle coûte même mois cher si on sait randonner sans GPS, skier sans smartphone ou plonger sans appareil photo intégré au masque !

La plupart des gens se font monts et merveilles des voyages mais, en vérité, si on ne cherche pas le luxe, ça ne coûte pas si cher que ça. C'est même souvent meilleur marché aux Antilles que sur la côte méditerranéenne en juillet et août. C'est certain que si vous voulez partir dans un hôtel «All Inclusive» pour faire du jet-ski dans la mangrove, un tour en catamaran et un baptême de plongée, ça va vous coûter un maximum. Mais on ne peut pas avoir le beurre, l'argent du beurre et la crémière ! Donc, si vous rêvez d'un voyage sous les tropiques, il n'y a pas 36.000 solutions. D'un côté, faites des économies dans la vie courante : renoncez aux clops, aux sorties en boîte de nuit à répétition, au forfait mobile internet, aux SMS pour voter dans les émissions de téléréalité, à la salle de sport à la mode, à la nouvelle combinaison de ski, carrément au séjour au ski, aux maillots de bain, etc... Et de l'autre côté, éviter les dépenses superflues lors du voyage : pas de «All Inclusive» mais hébergement en gîte (cf article précédent sur ce même site), pas de banane flottante ou de balade en jet-ski mais randonnées à pied (sans GPS) ou PMT du bord de la plage (c'est déjà merveilleux), ou encore, pas d'excursion en catamaran où le rhum coule à flot mais traversée inter-île en navette maritime régulière. Et là, vous verrez que c'est possible car tout est possible, tout est réalisable dans le jeu de la vie (je crois que j'ai piqué cette expression à deux comiques ;-)). C'est vous qui voyez ! (là, aussi, j'ai piqué cette expression aux mêmes comiques).

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