Gare au pacu !

Article n° 68, publié le 13-Septembre-2014, par Christophe.
Catégorie(s) : science & culture.

BD gare au pacu 1

BD gare au pacu 2

BD gare au pacu 3

Ayant remarqué que beaucoup d'internautes arrivent sur un article de ce blog en recherchant «quel est l'animal le plus dangereux pour l'Homme ?», voire en stigmatisant carrément un poisson en recherchant «quel est le requin le plus dangereux pour l'Homme ?», je tiens à rappeler que la réponse évidente à la première question est : l'Homme au volant d'un véhicule automobile ! Quant au requin le plus dangereux, il s'agit toujours de l'Homme, en l'occurrence un trader de «Wall Street». Mais si ces réponses ne vous plaisent pas, voici une liste de bébêtes qui auraient pu nous nuire mais qui ne l'ont pas fait (au pire, elles nous ont simplement fait une belle frayeur) ! Oui, vous êtes déçus mais c'est comme ça ;-).

Commençons par la Guyane, où j'ai vécu presque deux ans, département français situé en Amazonie qui peut être considérée comme l'une des régions du monde les plus dangereuses pour l'Homme du point de vue du règne animal. J'y ai donc risqué ma vie au contact des «matoutous», des ravissantes petites mygales de couleur noire avec le bout des pattes orange ! Mais ce sont plutôt elles qui sont mortes, de manière totalement involontaire, après m'avoir croisé car ces araignées, bien que munies de crochets que j'ai vus en action, sont complètement inoffensives. En fait, j'en ai attrapé plusieurs avec une technique assez simple : il suffit de taper un coup fort juste à côté d'elles, elles ressentent alors la vibration et font le mort. Il ne reste plus qu'à les mettre dans une boîte. J'ai essayé d'en élever deux en vivarium et j'ai donc pu observer leurs attaques sur des blattes ou des criquets que je leur offrais en guise de repas. Malheureusement, ma première captive est morte de soif (j'avais oublié de lui mettre de l'eau) et la seconde est morte noyée (j'ai mis trop d'eau). A noter qu'il existe d'autres «matoutous» : en Martinique, il s'agit d'un délicieux plat de crabes de terre qui passent à la casserole à Pâques.

En Guyane, j'ai aussi eu à faire, une fois, à une énorme mygale de Leblond (une des plus grosses araignées au monde) ! Leur taille est décuplée par rapport aux «matoutous» mais ces énormes mygales se cachent vite dans leur terrier en ressentant des vibrations importantes sur le sol. Donc pas vraiment danger sur ce côté-là, si ce n'est qu'il faut éviter de laisser traîner ses chaussures par terre en forêt : elles pourraient, par je ne sais pas quel plus grand des hasards, prendre l'une de vos chaussures pour un terrier. Et si jamais, par un hasard encore plus grand, vous remettiez vos chaussures sans faire attention, je crains que la mygale n'apprécie guère votre gros orteil et qu'une fois acculée au fond de votre chaussure, elle se défende... Mais ça fait beaucoup trop de si et trop de hasard pour que cela arrive. Je suis pratiquement certain qu'il y a plus de risque de finir foudroyé par la foudre que mordu par une mygale.

Autre animal plus gênant en Guyane : le scorpion, un petit scorpion qui se glisse sous les gros cailloux, ou les tôles ondulées, posés par terre ! Il faut donc éviter de soulever des objets laissés par terre à main nu. En forêt, il est recommandé de faire attention avant de bouger une pierre ou de s'asseoir dessus, sous risque d'avoir vraiment mal car ces ignobles créatures n'ont pas peur et ne font pas le mort. Au contraire, elles attaquent avec leur dard situé au bout de la queue. Je m'étais amusé à titiller un scorpion avec une brindille. En deux ou trois attaques, j'avais déjà une belle goutte de venin au bout de ma brindille !

Continuons en parlant du grage, un cousin du serpent à sonnette nord-américain (serpent aussi appelé fer de lance en Martinique, ou trigonocéphale). C'est certainement l'animal le plus dangereux de Guyane car, d'après ce qui se dit, ce serpent se sent tellement protégé par son mimétisme qu'il ne bouge pas, contrairement à presque tous les serpents qui fuient en ressentant les vibrations sur le sol. Le risque de poser le pied sur un grage et de se faire mordre est donc accru par rapport aux autres serpents ! Je suis peut-être passé à côté de dizaines de ces monstres mais sans jamais en voir un, alors que j'ai quand même bien crapahuté en forêt. Par contre, je suis allé une fois en forêt avec un Réunionnais qui voyait un serpent tous les 50 mètres alors que j'étais devant et que j'aurais normalement du voir ces reptiles en premier. Comme il n'y a aucune bébête de ce genre sur l'Ile de la Réunion, il en avait la phobie et le moindre serpent qui se retrouvait par malheur dans son champ de vision, se voyait immédiatement découpé en morceaux au coupe-coupe. Pourtant, ce comportement doit absolument être évité car une bête blessée est très dangereuse et il aurait pu se faire mordre en voulant leur donner un coup de coupe-coupe. On a essayé de lui expliquer ça, pour sa sauvegarde et celle des serpents, mais rien n'y a fait...

Une autre fois, en forêt, un copain guyanais que je suivais, est passé tout près d'un serpent tout fin, accroché aux branches d'un arbuste, donc au niveau de nos bras. Inutile de dire que je n'ai pas voulu passer ! Le copain a pris tout doucement dans sa main le serpent qui n'a montré aucune agressivité et l'a posé un peu plus loin, sur une autre branche. De retour à Kourou, je suis allé à la bibliothèque municipale pour identifier ce serpent qui était une espèce avec un venin très dangereux (mais pas agressive) ! Cela dit, cet ami guyanais a voulu une fois rentrer à Kourou avec un gros boa qui errait au milieu de la route (je m'étais demandé qui avait perdu ce gros tuyau). Heureusement, c'était ma voiture, le copain a donc du choisir entre rentrer à pied avec le serpent ou en voiture mais sans le serpent !

Continuons avec le charmant bestiaire guyanais et abordons maintenant le caïman : il devait y en avoir dans certains cours d'eau que j'ai remonté en pirogue mais, mis à part au zoo, je n'en ai jamais vu, ou presque car j'en ai bien vu un petit, une fois, au milieu de la route nationale avant Sinnamary, en venant de St Laurent du Maroni. Nous nous sommes arrêtés pour essayer de le voir de plus près mais il s'est aussitôt caché dans des hautes herbes. Mes compagnons de voyage ont essayé de le suivre dans les herbes, jusqu'au moment où je leur ai fait remarqué qu'il pouvait y avoir la mère, beaucoup plus grosse et plus dangereuse (j'étais resté sur la route ;-)).

Autre animal de Guyane, le porc-épic : olfactivement très dangereux ! Avec le copain guyanais, nous avons essayé de relâcher dans la forêt un porc-épic qui s'était coincé dans le bloc réfrigérant de la climatisation au travail. Nous avons pris un grand carton dans lequel nous sommes arrivés à l'enfermer. Nous avons ensuite mis le carton dans la voiture et pendant le court trajet, le porc-épic a uriné, heureusement dans le carton, mais l'odeur dans la voiture était assez insoutenable et très tenace !

Mais l'animal qui a manqué de m'infliger une grave blessure en Guyane est un paresseux ! Le premier que j'ai vu était un «trois griffes» (aussi appelé «trois doigts», puisqu'avant les griffes, il y a les doigts), c'est-à-dire une espèce de paresseux possédant trois énormes et longues griffes au bout des pattes antérieurs. Il traînait au milieu de la route et en essayant de le remettre dans la forêt, ce paresseux a voulu me donner un coup de griffe, en slow motion, comme dans Matrix ! Inutile de dire qu'il n'y avait aucun danger car le geste du paresseux était extrêmement lent. Par contre, une autre fois, nous avons trouvé un «deux griffes» (ou «deux doigts»), lui aussi au milieu de la route. Je m'en suis approché sans faire attention, pensant qu'il était aussi lent que le «trois griffes», mais le copain guyanais m'a retenu in-extremis par le T-shirt avant que je reçoive un très mauvais coup de griffes car ce paresseux était beaucoup, beaucoup plus rapide (et possédait des griffes bien longues) !

Finissons-en pour la Guyane avec une dernière anecdote : lors d'une nuit sous un carbet (habitation traditionnelle amérindienne, une hutte sans mur, juste avec des poteaux en bois pour soutenir le toit et y accrocher les hamacs) en pleine forêt avec des amis, nous avions fait cuire des saucisses dans une poêle et nous n'avions pas fait la vaisselle avant d'aller dormir en hamac. Au plein de cœur de la nuit, nous avons été réveillés par le bruit d'un animal qui léchait notre poêle ! La langue de cet animal semblait rappeuse comme celle d'un chat. Ne sachant pas à quoi nous avions à faire mais imaginant qu'il pouvait s'agir d'un jaguar, nous n'osions à peine parler. Chacun restait bien caché dans son hamac, n'osant pas allumer la moindre lumière. Logiquement, ça ne pouvait pas être des singes qui auraient été moins discret, ni un jaguar, trop gros pour monter sur la table de fortune où était posé la poêle sans tout faire tomber (je n'ai jamais eu la chance d'en voir un en dehors du zoo). Un puma ? J'ai eu la chance d'en voir deux, de très loin, traverser la piste de la chute Voltaire, un jour d'orage, mais ce félin était aussi trop gros pour la table de fortune. Ca devait probablement être un ocelot, une espèce de gros chat sauvage d'Amazonie mais le mystère est toujours entier depuis plus de 20 ans et ne sera jamais résolu ! A moins, de retourner en Guyane pour refaire l'expérience...

La suite de nos aventures (communes, cette fois) dans l'article intitulé «Des crocs dans la nuit !» à paraître prochainement sur ce blog...

PS : Je voudrais revenir sur un animal très dangereux, le «pacu rabanne» : il vous vide les bourses pour se faire des couilles en or en abusant de votre crédulité avec des prédictions fantaisistes (Mir n'est pas tombé sur Paris pour ceux qui ne s'en serait pas rendu compte). Méfiez vous aussi des clones, généralement des femelles, il en existe plein...

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